Hier, mardi 17 mars, 72 pour cent des électeurs israéliens se sont rendus aux urnes pour élire leur premier ministre. Ce taux, le plus élevé depuis 1999, a montré leur intérêt pour une campagne qui devait aboutir, selon les tout derniers sondages, à la victoire de l’Union sioniste menée par Itzhak Herzog et Tsipi Livni. Tout au long de cette journée décisive, les estimations fournies par les médias semblaient confirmer ces sondages qui attribuaient, à peine quatre jours avant les élections, 24 mandats à l’Union sioniste contre seulement 21 au Likoud.
Le jour même du scrutin, Benyamin Netanyahou s’est employé à convaincre les électeurs d’autres partis du bloc de droite et d’extrême-droite de donner leur suffrage au Likoud. Il a multiplié les appels du pied à Moshé Kahlon, leader du centre-droit, en lui promettant à nouveau le poste de ministre des Finances en cas de succès du Likoud. Face à la croissance du pourcentage de participation au vote des Arabes israéliens, il a aussi agité la menace de voir la Liste arabe unie d’Ayman Odeh remporter les 13 voix dont les sondages l’ont crédité. En se prononçant contre la création d’un Etat palestinien, il est également revenu sur la solution des deux Etats qu’il avait préconisée en 2009 lors de son « Discours de Bar Ilan ».
Au fur et à mesure qu’approchait l’heure de la fermeture des bureaux de vote, l’écart entre le camp de la gauche et celui de la droite se réduisait progressivement, et le jeu s’annonçait de plus en plus serré. L’effet de surprise créé, hier soir à 22 heures, par la publication des estimations n’en a pas moins été considérable : avec 28 mandats contre 27 pour l’Union sioniste, le Likoud a remporté les élections. Le fossé entre les deux formations politiques s’est encore creusé un jour après avec 30 mandats pour Netanyahou et seulement 24 pour Herzog-Livni.
Une frange significative de l’électorat de la droite sioniste-religieuse et de l’extrême–droite a finalement donné la préférence à Netanyahou. Ce revirement a eu un impact sur le nombre des mandats obtenus par les partis qui sont censés constituer cet électorat : seulement 8 mandats pour Habayit Hayehoudi de Naftali Bennett contre les 13 prévus ; 6 pour Israel Beytenou d’Avigdor Lieberman ; et aucun pour Yahad d’Elie Yishai qui n’a pas atteint le seuil d’éligibilité. Le score des partis orthodoxes se monte à 7 pour Shass et 6 pour Yahadout HaTorah.
Du côté du centre, Moshé Kahlon, avec ses 10 mandats, a confirmé sa position de « faiseur de rois ». Le parti Yesh Atid de Yair Lapid a enregistré, pour sa part, une baisse notable en passant des 19 mandats de 2013 à 11 aux présentes élections. A la gauche de l’Union sioniste, Meretz n’a eu que 4 mandats et sa leader, Zehava Galon, a annoncé son intention de démissionner de son poste de députée à la Knesset.
Avec le retournement de situation qui a permis à Netanyahou d’être réélu, un autre fait marquant distingue le scrutin actuel de tous ceux qui l’ont précédé : la montée de la Liste arabe unie qui a obtenu finalement 14 voix, devenant ainsi le troisième parti politique en Israël. Et, cause directe de ce succès, un taux de participation de 65 pour cent des Arabes israéliens au vote, le plus élevé depuis les années 1990.
Le président Rivlin a d’ores et déjà appelé Netanyahou et Herzog à former un gouvernement d’unité nationale. Le leader du Likoud a annoncé sa volonté de constituer, au contraire, une coalition avec les diverses formations de droite et, probablement, les partis religieux. De son côté, le leader de l’Union sioniste a déclaré qu’il resterait dans l’opposition. Mais la composition définitive du gouvernement ne sera connue que d’ici deux à trois semaines. Entre temps, d’autres retournements peuvent se produire et le suspens qui a marqué jusqu’au dernier moment la campagne électorale n’a pas encore pris fin.