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Musique

Les Yeux Noirs ouvrent le bal !

Le groupe Les Yeux Noirs a été créé par Eric et Olivier Slabiak. Depuis 1992, et avec plus d’un millier de concerts autour du monde, le groupe continue son périple tzigano-rock et yiddish-pop, dépassant les frontières le jour pour redessiner les contours des liens la nuit. Rencontre avec Eric Slabiak.

L’Arche : Vous êtes un des premiers à avoir permis le développement en France des musiques d’Europe de l’Est, êtes-vous surpris de l’enthousiasme continu pour ces musiques ?

Eric Slabiak : Je ne suis pas surpris par l’enthousiasme suscité par ces musiques. Je connais ces répertoires depuis mon  enfance et ne m’en lasse pas. Ces musiques séculaires n’ont cessé d’inspirer tant de compositeurs ! Il me semble naturel qu’en ayant accès à cette musique originelle (accès facilité par la chute du bloc de l’est dans les années 1990), on y reste attaché comme à une vibration fondamentale de l’âme. C’est une musique qui nous surprend toujours par la complexité de ses gammes, la multiplicité de ses origines : ottomane, indienne, slave, balkanique, orientale et plus encore… Elle nous fait voyager et nous en avons toujours besoin, les routes sont nombreuses. Elle prend sa source dans l’histoire parfois douloureuse des minorités, des marginaux, leurs déplacements, leurs errances, leur rejet par les sociétés dominantes. J’ai  parfois l’impression que le public s’identifie à cette histoire, témoignant aussi sa solidarité à ces peuples. Peut-être le public vient-il également s’y réfugier : à la sortie des concerts, les gens me disent souvent avoir l’impression d’avoir des racines juives ou tziganes, que cette musique leur parle. Une musique ancrée à la fois dans la force et la vulnérabilité trouve forcément un écho dans notre humanité.

Vous travaillez beaucoup pour le cinéma, les musiciens ont-ils une certaine marge de manoeuvre dans la création ou suivent-ils des impératifs à la lettre. On pense notamment à la liberté extrême dont jouissait quelqu’un comme François de Roubaix avec Melville.

Je ne connais pas la manière de travailler des autres compositeurs de musiques de film, je suis arrivé dans cet univers par hasard et je suis autodidacte. J’espère que j’aurai à explorer de multiples manières de travailler. Pour le moment, concernant la marge de manœuvre, elle varie en fonction des réalisateurs. Je ne me sens jamais gêné par les demandes précises, les figures imposées. J’aime la liberté ou le cadre, les défis me plaisent.

Quant aux interprètes, j’essaie d’être le plus précis possible avec eux, il faut aller vite pendant les enregistrements, les budgets pour la musique de film nous contraignent souvent à limiter les séances de studio. Mais un musicien doit rester libre de ses sensations et j’aime utiliser leurs propositions d’interprètes.

Que souhaitez-vous partager le plus en créant un site qui rassemble la diversité de votre oeuvre ?

J’ai envie de faire entendre différentes inspirations, car je compose aussi dans d’autres styles que ceux des pays de l’est. Depuis que je suis enfant, j’associe les images à la musique et vice et versa. Par exemple, quand on était en voiture avec mes parents et que je voyais défiler les paysages, il me venait des mélodies, plutôt mélancoliques d’ailleurs, ou des musiques de cirque sur les rond-points et quand j’écoutais des chansons ou de la musique classique, des paysages ou des situations en images germaient dans mon esprit.

Le site et la scène forment-ils un tandem inévitable aujourd’hui pour les artistes afin de partager avec un public qui a pris ses distances avec les CD ?

Je ne suis pas un expert des nouveaux moyens à utiliser pour l’autopromotion mais mon entourage m’a beaucoup encouragé à me faire construire un site et je suis très content d’avoir mes compositions regroupées à un seul et même endroit. Et via le site, je reçois aussi des messages qui me font plaisir.

Retrouvez le groupe sur scène, disque ou déjà sur leur site : www.lesyeuxnoirs.net et www.ericslabiak.com