Une exposition des « unes » des journaux réalisée par Alberto Toscano à la mairie de Paris.
L’Arche : Vous êtes journaliste et président de l’association de la presse européenne. Pourquoi avez vous décidé d’organiser une exposition sur le thème De la libération de Paris à Hiroshima et à Nagasaki ?
Alberto Toscano : J’ai proposé à a ville de Paris d’organiser une exposition de journaux anciens dont je suis collectionneur au sujet d’un thème lié à la fin de la seconde guerre mondiale. Et le service de l’adjoint au maire responsable de la mémoire m’ont demandé à leur tour de célébrer à travers une sélection de journaux de l’époque la période comprise entre août 44 où il y a eu à Paris l’insurrection pour la libération de Paris et aussi la fin de la guerre dans le pacifique le 2 septembre 1945 en passant par la fin de la guerre en Europe le 8 mai 45 et aussi l’explosion des bombes atomiques au Japon. L’idée m’a paru très intéressante, il s’agit d’un défi que de proposer aux jeunes générations de revivre l’histoire de cette époque à travers les journaux français qui ont mis à la une le déroulement des opérations militaires et aussi les informations relatives à la naissance d’une nouvelle vie démocratique en France après la fin de la collaboration et de l’occupation.
L’Arche : Vous aviez fait une exposition similaire sur la 1ère guerre mondiale à l’institut culturel italien, est-ce le même type d’exposition ?
A.T : C’est le même schéma d’exposition dans le sens où les journaux anciens constituent une machine à remonter dans le temps. Le contact avec le journal ancien crée, dans la personne qui observe, une sensation immédiate de se plonger dans la réalité de l’époque. Le journal ancien est plus efficace comme élément de communication de l’époque. Il transporte l’observateur directement à l’époque de la réalisation du journal. Cet élément commun relie les deux expositions. Mais il y a quand même une différence de fond. Les deux expositions étaient basés sur le regard réciproque entre la presse française et la presse italienne. J’ai proposé à l’observateur des journaux italiens qui parlaient de la France à l’époque de la guerre et des journaux français qui parlaient de l’Italie en guerre. A travers les journaux de ces deux pays là, je voulu donner la sensation du regard entre l’opinion publique des deux pays. Dans le cas de l’exposition à l’Hôtel de Ville qui sera visible jusqu’à la mi septembre, il s’agit uniquement des « Unes » de quotidiens français de l’époque. Je veux montrer la liberté retrouvée après la période de l’occupation et cette envie de se servir de la presse pour vivre la démocratie.
L’Arche : Quelle actualité trouvez vous à ce thème aujourd’hui ?
A.T : C’est un thème à mon sens très actuel. Car l’exposition parisienne exprime cette effervescence des journaux après une guerre qui a déchiré l’Europe entière. Aujourd’hui notre démonstration transmet la sensation de se sentir fatigué et montre une démocratie qui n’a plus envie de se relancer, qui a perdu l’enthousiasme pour elle même et qui a presque honte d’elle même à la lumière des crises sociales et économiques. En regardant cette exposition, on ne doit pas sous estimer l’importance de notre démocratie qui a été obtenue au prix d’un effort très dur comme l’a été celui de la résistance. A l’époque de 1945, l’opinion publique savait que la liberté était une chose merveilleuse. Dans ce contexte, des dizaines de quotidiens se sont créés, ils voulaient transmettre cette notion de liberté. Aujourd’hui la presse a perdu cela. La liberté est le résultat d’une conquête et le message de cette exposition est qu’on ne peut pas sous-estimer la liberté de cette conquête réalisée il y a 70 ans en Europe.
Propos recueillis par la rédaction