La commémoration de l’attentat de Pittsburg  |  Israël terre de tourisme !  |  Le monde change. L’Arche aussi. L’édito de Paule-Henriette Lévy  | 
Religion

Abraham Heschel et le Concile Vatican II

A l’occasion du 50ème anniversaire de Nostra Aetate, promulgué en octobre 1965 par le pape Paul VI, qui depuis forma la base du dialogue entre Juifs et Chrétiens, le professeur Edward Kaplan donne une conférence à l’AIU. Il y revient sur le parcours du théologien Abraham Joshua Heschel, qui devint proche du Cardinal Augustin Bea, chargé par Jean XXIII de développer une déclaration favorable sur le judaïsme et les Juifs. Rencontre.

 

L’Arche : Qu’est ce qui a permis cette évolution entre le judaïsme et le christianisme ?

Edward Kaplan : C’est avant tout l’arrivée de Jean XXIII à la papauté. Sa décision d’ouvrir le Concile comme aggiornamento, a savoir une mise à jour, une volonté d’affronter la modernité. Une partie de cette modernisation comprenait la normalisation des relations avec les religions non chrétiennes, dont le judaïsme. Ce fut l’effet conjugué de l’initiative du Pape et le travail de Jules Isaac, historien, qui avait écrit le livre Jésus et Israël, sorti en 1948. Jules Isaac a fait la connaissance du Pape Jean XXIII et lui a donné son livre sur l’enseignement du mépris de l’Eglise envers les juifs. C’était la volonté du Pape de donner au Cardinal Bea la responsabilité de développer une déclaration sur les religions non chrétiennes en particulier le judaïsme.

 

Lors de votre conférence à l’AIU, vous évoquerez plus particulièrement l’action d’Abraham Heschel. Quel fut son rôle auprès de l’Eglise ?

Abraham Heschel est né en 1907 à Varsovie. Il a une formation hassidique et fait un Doctorat en philosophie dans les années 30. Il immigre aux Etats-Unis en 1940 et enseigne dans le séminaire libéral puis massorti jusqu’à sa mort en 1972. Il était le théologien juif le plus en vue à cette époque. Le directeur des relations interreligieuses de l’American Jewish Committee avait choisi Heschel comme porte-parole et comme conseiller. Il avait développé une relation de travail très poussée avec le Cardinal Bea. Il avait donc un rôle très important dans le développement de cette déclaration. C’était très compliqué à l’époque du fait de nombreuses oppositions à ce rapprochement.

 

Abraham Heschel est également connu pour son rôle dans la lutte pour les droits civiques auprès de Martin Luther King.

Dans les années 60, lorsqu’il s’exprima dans les grandes réunions, il fut reconnu comme « intellectuel public ». En 1960, il s’exprima dans un congrès à la Maison Blanche sur la jeunesse, puis peu après sur la vieillesse. En janvier 1963, il était un des principaux orateurs dans un congrès national sur les droits civiques. Il a rencontré Martin Luther King à ce moment-là. A partir de ce moment s’est tissé un partenariat entre ces deux grands hommes sur le plan personnel et public.

 

Lundi 19 octobre à 20h à l’Alliance Israélite Universelle

6 bis rue Michel-Ange, 75016 Paris. Renseignements et réservation : 01 53 32 88 55