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Israël

Israël : regain de violences

A Jérusalem, Tel-Aviv, ainsi que dans toutes les principales villes du pays, le constat peut se faire à l’œil nu : les forces policières ont été déployées en nombre. Dans la capitale, 3500 agents se tiennent, ces jours-ci, en alerte, au lieu des 2000 habituellement. Postés dans les lieux sensibles où se métissent les populations, dans les centres-villes, les gares routières ou ferroviaires, ils scrutent alentours, prêts à réagir. Passants aussi, discrètement, gardent le regard éveillé.

La semaine dernière a été le théâtre d’affrontements entre Israéliens et Palestiniens. Alors que la population israélienne s’est fait surprendre par une vague d’attaques à l’arme blanche, les Palestiniens ont écumé les ripostes de l’armée et de la police à l’étoile de David.

Ce dimanche matin, un policier a été transporté à l’hôpital après une explosion au poste de contrôle à proximité de Maale Adumim, une grande implantation à l’Est de Jérusalem. Cet épisode s’inscrit dans un week-end où les hostilités se sont succédé à une cadence soutenue.

Vendredi, un Israélien a poignardé trois ouvriers palestiniens et un Bédouin dans la ville méridionale de Dimona, dans le Néguev. Quelques heures plus tard, deux Israéliens ont été attaqués au couteau à Jérusalem et à Kiryat Arba, une implantation près de Hébron. La même journée de vendredi, des éclats de violence à la frontière de Gaza ont laissé sept morts et une soixantaine de blessés palestiniens. Du côté de Jérusalem Est et de la Cisjordanie, les affrontements entre forces israéliennes et Palestiniens ont fait un mort et 410 blessés du côté arabe.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une roquette a été lancée sur le sud d’Israël depuis Gaza, le projectile s’est écrasé dans un terrain vague de conseil régional d’Eshkol, sans faire de dégâts.

Samedi dans la journée, quatre Israéliens, deux agents de police et deux civils ont été blessés au couteau à proximité de la Porte de Damas, à Jérusalem, au cours de deux attaques perpétrées à quelques heures d’intervalle. Plus tard dans l’après-midi, le long de la barrière de sécurité entre Gaza et Israël, une violente émeute a fulminé pendant plusieurs heures. Parmi les pierres et les pneus en feu qu’ils lançaient, plusieurs dizaines de Gazaouis ont violé la barrière, cinq ont été saisis par Tsahal tandis que les autres se sont retirés dans le territoire palestinien.

Tard dans la soirée, les sirènes ont retenti à plusieurs reprises dans le sud d’Israël ; une roquette a été interceptée par le Dôme de fer, dans le conseil régional de Hof Ashkelon, sans causer dégâts ni dommages. Dans les heures qui ont suivi, l’IDF a répondu en visant une cellule du Hamas. Quatre Palestiniens de Gaza ont trouvé la mort au cours du week-end, deux au cours du raid aérien et deux autres dans les affrontements à la frontière.

Les tensions forment la prolongation d’un conflit désorganisé amorcé par le meurtre, jeudi 1er octobre,  d’un couple israélien installé dans sa voiture. Deux hommes israéliens ont à leur tour été assassinés à coups de couteau, le samedi 3 octobre, porte des Lions, à Jérusalem. Suite à ces évènements, Tsahal a envoyé plusieurs bataillons dans la région de Naplouse à la recherche des terroristes. La police israélienne a quant à elle limité l’entrée au Mont du Temple. Cette nouvelle a enflammé les braises.

Mercredi 7 octobre, quatre Israéliens ont été poignardés : un soldat à Kiryat Gat (à l’est d’Ashkélon), et trois civils, à Petah Tikva, dans les environs de Kiryat Arba, et dans la vieille ville de Jérusalem. Une Israélienne a été attaquée à coup de pierres sur sa voiture, dans l’implantation de Tekoa. Dans la nuit, selon le croissant rouge palestinien, 148 palestiniens ont été blessés dans des affrontements avec Tsahal, en plusieurs endroits de Cisjordanie.

Le jeudi, huit Israéliens ont été attaqués au couteau dans différentes villes du pays. A Jérusalem, un Palestinien de Shoafat, un camp de réfugiés en Cisjordanie, s’en est pris à un résident de Jérusalem, à proximité du tramway ; plus tard dans l’après-midi, la police israélienne s’est rendue à Shoafat ; les violences entre les deux parties ont laissé un mort et six blessés du côté arabe. A Tel-Aviv, un Palestinien a attaqué au tournevis cinq Israéliens, les laissant légèrement blessés. Cet ouvrier de Jérusalem Est employé dans un chantier à proximité du Ministère de la Défense s’est fait abattre par un soldat présent sur la scène. Deux autres victimes juives d’attaques successives à l’arme blanche à Kiryat Arba puis à Afula, en Galilée, ont été transportées dans des hôpitaux, souffrant de sévères blessures.

Alors que la police a recommandé la fermeture hermétique de la Cisjordanie, le gouvernement s’est refusé à prendre une telle décision. Selon le ministre de la Défense, Moshe Ya’alon, et le chef d’état major de Tsahal, Gadi Eizenkot, cet ordre n’arrêterait pas les attaques à l’arme blanche ; il serait vécu comme une punition collective qui pourrait, au contraire, pousser à l’acte d’autres individus. Pour parer à l’échange incessant de violences, les forces de police ont certes été multipliées sur le terrain ; quant à la communication entre Israël et l’Autorité Palestinienne, elle ne semble pas, quant à elle, être considérée comme une mesure sérieuse à même de diminuer les tensions.