En remportant l’Etat du New Hampshire le 9 février dernier, le candidat démocrate devient le premier juif à sortir vainqueur d’une primaire dans la course aux élections présidentielles américaines. Un événement qui mérite d’être souligné dans un pays où la religion occupe une place centrale dans le discours politique autant que dans la société.
Ce 9 février, Bernie Sanders, le candidat de 74 ans, vient de remporter la primaire du New Hampshire. Le sénateur du Vermont obtient 60 % des voix, contre 39 % pour Hillary Clinton, sa principale rivale dans la course à l’investiture démocrate. Une première victoire historique à double titre : d’abord parce que Sanders se proclame véritable socialiste dans le pays du libéralisme triomphant, ensuite et surtout parce qu’il devient le premier juif à remporter une primaire américaine.
Avant lui, deux autres sénateurs juifs s’étaient lancés dans une campagne infructueuse pour accéder à la Maison Blanche: l’ancien sénateur de Pennsylvanie Arlen Specter, qui s’était présenté à la primaire républicaine en 1996 et l’ancien sénateur démocrate devenu indépendant du Connecticut, Joseph Lieberman, qui s’était présenté aux primaires démocrates en 2004.
Cet événement mérite d’être souligné dans la mesure où la spiritualité occupe une place centrale dans le discours politique américain, de même que le poids du religieux aux Etats-Unis demeure exceptionnel par rapport à la majorité des pays occidentaux. Pour cette nation dont la devise officielle «In God we trust» (En Dieu nous croyons), figure sur tous les billets de banque, la religion du président n’est pas un détail.
Le parcours familial de Bernie Sanders est assez typique des juifs new-yorkais: fils d’immigrants polonais, celui-ci a été élevé à Brooklyn dans le noyau de la communauté. Jeune homme, il a fêté sa bar-mitsva dans les respects des traditions, et est allé vivre quelques années avec sa première femme dans des kibboutz en Israël. Lors d’une interview datée du 3 février dernier, le sénateur de 74 ans a évoqué son appartenance : « Je ne serais pas candidat à la présidence des États-Unis, si je n’avais pas des attaches spirituelles et religieuses aussi fortes». Pour autant, ce pourfendeur du capitalisme n’est pas un juif pratiquant, on le présente même comme «un juif laïque» car il ne se fait pas le porte-étendard d’une communauté particulière. Davantage qu’au culte, c’est à la culture de ce peuple qu’il est attaché. « Chacun pratique la religion de façon différente », a-t-il ajouté.
Pour le rabbin Robin Nafshi de la synagogue Beth Jacob, dans l’Etat de New Hampshire, la candidature de Bernie Sanders a envoyé un message fort aux américains sur le pluralisme qui existe dans la communauté juive: « Il a fourni une véritable enseignement à l’Amérique sur le fait que les Juifs sont tous différents et que chacun d’eux a sa particularité », a-t-il déclaré au Huffington Post américain. « C’est à-dire que nous n’observons pas tous la cacherout ou le chabbat, que la façon dont les Juifs américains vivent leurs vies est aussi diverse que dans chaque communauté d’individus, peut-être même plus diversifiée encore. Je pense que c’est une des choses qui a pu être transmise, au travers de sa candidature ».
John Fitzgerald Kennedy reste à ce jour le seul président américain de confession catholique – tous étaient protestants -, Bernie Sanders sera-t-il le premier président juif de l’histoire de ce grand pays ?