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Musique

Robert Castel en concert à l’Institut du monde arabe

Le comédien et musicien pied-noir aux 82 printemps revient en cette fin d’année en grande forme et fort de deux nouvelles actualités : il donnera un concert de musique arabo-andalouse avec son groupe « Le gusto du chââbi » à l’Institut du monde arabe le 8 avril 2016, et figure dans le casting de « Ils sont partout », le prochain film d’Yvan Attal sur l’antisémitisme, dans lequel il joue le beau père de Dany Boon.

L’Arche magazine – Qu’est ce qui vous a amené à organiser ce concert à l’Institut du monde arabe ?

Robert Castel – J’ai l’immense privilège d’être le fils de Lili Labassi, qui était en Algérie, le plus grand maitre de la musique arabo-andalouse, alors avant même ma naissance, dans le ventre de ma mère, j’écoutais déjà de la musique. Mon père avait quatre cordes à son arc (avec et sans jeux de mots), il était auteur, compositeur, interprète, chanteur et violoniste. Alors j’ai baigné très tôt dans la musique : j’ai commencé à jouer de la guitare à l’âge de 5 ans, puis je l’accompagnais dans ses concerts. J’avais enregistré avec mon père des disques, nous avions travaillé dans les mariages en Algérie, y compris chez les Arabes. Mon père était le seul musicien juif qui travaillait chez les Arabes. Le seul. On lui embrassait les mains. Et puis la vie est telle que je me suis dirigée vers le théâtre, où j’ai joué une partie de ma vie. J’ai créé la pièce La Famille Hernandez qui a été un énorme succès, et puis le style pied-noir sur les planches qui a beaucoup été repris ensuite.

Par un mouvement irrésistible, un jour alors que j’avais 57 ans, j’ai pris le violon de mon père qui nous a quittés et j’ai commencé à apprendre à jouer cet instrument pour interpréter les chansons de mon père. J’ai travaillé très dur, je raconte cela dans ma biographie, « Je pose 75 ans, mais je retiens tout ». C’est suicidaire d’apprendre à jouer d’un instrument à cet âge-là, les gens apprennent en principe à 4 ou 5 ans. Puis en 1995, le directeur du centre Rachi de l’époque, M. Kaddouch me propose un concert dans son établissement. « Vous savez Robert, de nombreux artistes plagient l’œuvre de votre père, ils la copient, il faut que vous fassiez un concert pour remettre les choses à leur place ! » m’a-t-il dit. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas faire ça, que je n’arrivais pas à sa cheville, personne n’arrive à la cheville de mon père !, il a beaucoup insisté… Puis, j’ai fini par faire ce concert formidable au centre Rachi. Cette représentation a donné suite à un second où j’ai eu l’occasion de jouer et chanter tout le répertoire de mon père.

Ensuite une jeune fille, Safinez Bousbia, m’annonce qu’elle souhaite fonder un orchestre de musique chââbi (populaire en français), en réunissant des juifs pieds-noir et des arabes algériens sous le nom d’El Gusto. Nous étions 22 musiciens et nous avons joué à Paris-Bercy, au Grand Rex et dans toute la France, à Amsterdam, en Angleterre, à New-York, à Washington, à San Francisco… et bien entendu à Alger. Le dernier concert ne remonte qu’à l’année dernière. Parallèlement, j’ai monté mon propre orchestre où nous jouons les titres de mon père. Nous sommes six musiciens et je suis à la fois chanteur et maitre de l’orchestre. Par un concours de circonstances, un conseiller de Jack Lang me propose il y a quelques temps un concert à l’Institut du monde arabe (IMA). J’ai rencontré le directeur artistique du centre culturel et nous avons posé la date : celui-ci se déroulera donc le 8 avril. On se prépare et on répète beaucoup.

Vous figurez dans le casting du prochain film d’Yvan Attal sur l’antisémitisme, pouvez-vous nous en dire un peu plus pour cette collaboration ?

Yvan Attal, le réalisateur m’a fait l’honneur de me contacter pour ce film qui a gros casting (Dany Boon, Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Denis Podalydès, Gilles Lellouche etc…). Le titre « Ils sont partout » a été difficile à trouver, d’ailleurs moi j’aurais préféré « Moïse, au secours ! » mais c’est mon point de vue qui est bien entendu, contestable. Le film est une comédie dramatique qui comprend 5 sketchs qui illustrent cinq lieux communs, multiséculaires, qui existent depuis que Jacob s’est appelé Israël, dont « Les juifs sont riches », « Les juifs occupent tous les médias », « Les juifs ont tué le Christ » et d’autres encore. Dans ce film, j’illustre le lieu commun entre les juifs et l’argent et je joue le rôle de M. Bensoussan, le père de Dany Boon et beau père de Charlotte Gainsbourg. Il nous arrive plein d’aventures que je ne veux pas dévoiler, je ne veux pas déflorer le film qui sortira dans quelques mois…

« Chaâbi – Voix de velours et violon dingue », Robert Castel en concert le 8 avril à 20h à l’Institut du Monde arabe (1, RUE FOSSÉS ST-BERNARD, Place Mohammed V, 75005 PARIS)

Réservation : https://imarabe.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musiques-d-Orient—Maghreb-VOIX-DE-VELOURS-ET-VIOLON-DINGUE-CHABI.htm