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Le deuil des Bruxellois

Le soir-même du double attentat qui a frappé leur ville, les Bruxellois se sont rassemblés spontanément place de la Bourse, pour exprimer leur solidarité aux victimes. Le reportage de notre envoyée spéciale.

Des bougies parfumées, des fleurs éparpillées, des messages de réconfort griffonnés dans toutes les langues et déposés sur le sol. Les mêmes qu’à Paris au lendemain des attentats de novembre. Quelques heures après les attaques, plusieurs centaines de Bruxellois se rassemblent spontanément place de la Bourse pour exprimer leur douleur et leur solidarité aux victimes du double attentat revendiqué par Daech. Trente-quatre morts, deux-cent blessés et autant de familles ravagées par la tristesse. L’indicible.
Spontanément, les habitants se recueillent, là où les fêtards se réunissent traditionnellement après les matchs de football. Malgré la température assez basse et l’émotion palpable, le flegme Belge n’est en rien écorné.
« Evidemment qu’on va continuer à vivre comme avant, à prendre le métro et à aller travailler, on ne changera rien à notre façon de vivre », explique Céline, 28 ans, en regardant le sol. Habitant de l’autre côté de la ville, elle a pris connaissance de l’attentat par des messages de proches qui s’inquiétaient.  « Le matin en allant au travail, j’ai reçu des SMS de ma famille et de mes amis qui voulaient savoir où j’étais, comment j’allais… et puis j’ai allumé la télévision pour voir les informations » explique-t-elle. Comme des dizaines de personnes, elle emprunte la ligne de métro de Maelbeek tous les jours. Elle sait qu’elle aurait pu « y laisser sa peau ».
Quentin, étudiant en commerce de 22 ans, aussi, sait aussi pourquoi il a fait le déplacement: « Je suis venue parce que je ne voulais pas m’enfermer chez moi devant les informations en continu à la télé, c’est encore plus effrayant », explique-t-il, une bière à la main. Ses trois amis étudiants aussi, acquiescent. Eux non plus ne voulaient pas rester seuls chez eux.
« On s’attendait à ce qu’il se passe quelque chose, on savait qu’il y avait des risques, des menaces, mais on ne pensait pas que cela arriverait trois jours après l’arrestation de Slam. C’est une claque », explique une jeune femme à écharpe.
Instinctivement, les rapprochements se font avec la situation de la France. « Ce que je crains moi, c’est l’instauration d’un Etat d’urgence permanent, nous sommes très hostiles à la logique sécuritaire. »
Le temps d’un instant, une ronde s’improvise. Dans le silence et sous l’œil de nombreuses caméras du monde entier, les Bruxellois se prennent par la main. Un homme en long manteau vert propose même sur une pancarte des free hugs (câlins gratuits) et trouve de nombreux intéressés. Quelques uns tentent de chanter l’hymne national, mais l’appel n’est pas suivi…
Tout le long de la soirée, les Belges rendent hommage à leurs compatriotes. Alors que le roi s’est exprimé un peu plus tôt dans la soirée, le pays débute un deuil national de trois jours.