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Littérature

Vie et œuvre d’Imre Kertész en 5 dates clés

L’ancien déporté d’Auschwitz devenu prix Nobel de littérature, s’est éteint jeudi 31 mars à Budapest. Retour sur les moments clés de sa vie et de son œuvre.

On dit d’Imre Kertész qu’il fait du « sens avec du non-sens ». Qu’à partir d’une expérience de mort, comme la déportation, il crée une œuvre qui résonne comme un témoignage direct de l’Histoire. Car l’oeuvre de celui qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 2002, est intégralement marquée par l’expérience concentrationnaire. Retour sur cinq dates qui ont marqué son existence.

–          1929 : naissance

Imre Kertész (un patronyme qui en hongrois signifie « jardinier ») né à Budapest, dans une famille juive modeste. Sa première naissance en quelque sorte, puisqu’une seconde vie débutera avec l’expérience d’Auschwitz.

–          1944 : déportation

Le jeune Imre a 15 ans lorsqu’il est déporté avec toute sa famille à Auschwitz en 1944, avant d’être transféré à Buchenwald. Un an plus tard, le camp est libéré et il a survécu mais toute sa famille a péri. De cette expérience concentrationnaire naîtra son œuvre puisque cet événement traumatique deviendra le moteur, l’événement fondateur de toute sa littérature. « Quand je pense à un roman, je pense toujours à Auschwitz. Même quand je parle de quelque chose de tout à fait différent, je parle d’Auschwitz. Je suis un médium pour l’esprit d’Auschwitz. Auschwitz parle à travers moi. Tout le reste me semble stupide à côté de ça», écrit-il dans Journal de galère, paru en 2010. De ce fait, son œuvre est souvent comparée à celle de l’Italien Primo Levi, de l’Espagnol Jorge Semprun ou de l’Américain Elie Wiesel.

–          1948 : carrière de journaliste

A la fin de la guerre, le jeune homme retourne dans sa ville natale puis se lance dans une carrière de journaliste pour le quotidien Vilagossag. Il y reste trois ans avant d’être licencié, lorsque le journal est proclamé organe du Parti communiste. Mis à l’écart par le régime, Imre Kertész mène une vie d’écrivain indépendant et de traducteur. Il se lance dans la traduction en hongrois d’auteurs de langue allemande comme Nietzsche, Freud, Elias Canetti (futur Nobel) et Schnitzler, dont on trouvera les influences dans sa propre création.

–          1975 : prix Nobel de littérature

L’auteur mettra dix ans à écrire Etre sans destin (Sorstalanság), son premier ouvrage devenu incontournable dans la littérature de la Shoah. Publiée en 1975, cette autofiction raconte des mois de déportation au travers le regard de Köves, un adolescent de 15 ans. Le ton du récit est particulièrement sobre, ironique et distancié, cela illustre l’incroyable capacité d’adaptation de l’homme à l’horreur. Dans un premier temps, cette publication sera accueillie dans un silence de marbre en Hongrie, puis dès la chute du mur de Berlin et de l’empire communiste en Hongrie, son œuvre traduite à l’étranger et trouvera écho spectaculaire.

En 2002, Imre Kertész est couronnée par le prix Nobel de littérature. « Pour une œuvre qui dresse l’expérience fragile de l’individu contre l’arbitraire barbare de l’histoire », justifiera l’Académie. Il devient ainsi le premier écrivain de langue magyare à être lauréat de cette distinction ultime.

–          2016 : décès

Son dernier livre, L’Ultime auberge, paru en France aux éditions Actes Sud en 2015, est le recueil de pensées d’un homme affaibli par la maladie de Parkinson, qu’il subit depuis de nombreuses années. L’éditeur évoque cet ultime ouvrage comme « le duel entre sa maladie de Parkinson et l’écriture d’un nouveau roman ». Avant de s’éteindre, l’écrivain décide de léguer ses archives à l’Allemagne. Il décède des suites de sa maladie, le 31 mars 2016, à l’âge de 86 ans.