JeruZalem de Doron et Yoav Paz est un film d’horreur israélien qui est uniquement distribué en VOD et DVD. Il a récemment remporté le Prix du Jury au 23ème festival du film fantastique de Géradmer.
Le film s’ouvre par une citation du Talmud qui distingue trois portes de l’Enfer: « une sur la mer, une sur le désert, et une sur Jérusalem ». Suit l’extrait d’un faux documentaire tourné en 1972 à Jérusalem : lors d’une séance d’exorcisme effectuée par un prêtre, un imam et un rabbin, une femme mourante se transforme en chose ailée avant d’être abattue. Après ce prologue façon super 8, le film vire brusquement dans le genre « found footage » high-tech. Deux étudiantes américaines, Sarah Pullman (Danielle Jadelyn) et son amie Rachel (Yael Grobglas), partent en Israël pour visiter la ville sainte à la veille de Yom Kippour. Le père de Sarah offre à sa fille des « Smart Glass » qui deviennent les yeux du film. Les réalisateurs tentent avec ce parti pris de se démarquer de la vague de films « found footage » qui sévit. Un genre qui a eu son heure de gloire à la fin des années 90 et 2000 avec des films comme « Blair witch project», « Rec » ou « Cloverfield ».
Passé l’escapade dans les ruelles de la ville sainte entre tourisme et vol de sac à l’arrachée, le film monte lentement en tension. Une fois l’apocalypse déclenchée, on tombe alors dans tous les clichés du nanar de zombies: invasion, contamination par morsures, photographie sous-exposée, cris tonitruants, asile abandonné, intervention de l’armée… hélas sans ressentir les réflexions politiques qui traversent les œuvres de Georges Romero -le maître et créateur du genre- comme « Night of the Living Dead » (1968) ou « Zombie » (1978), et qui dans le contexte actuel auraient été passionnantes.
« JeruZalem » semble plus proche de « Cloverfield » de Matt Reeves, produit par J.J Abrams en 2008. Si le postulat de départ demeure original, il ne suffit pas à faire un bon film. Transcendant son statut de simple décor, Jérusalem – la ville- devient alors le seul personnage du film doté d’une âme. Les scènes, tournées à la première personne, dans les ruelles et souterrains de la vieille ville, près du mur des Lamentations, ou dans l’Église du Saint-Sépulcre sont bien plus énigmatiques et inquiétantes que les créatures sévissant et représentées par de bien laides images numériques. La Cité toute entière semble perdre les personnages du film et, au passage, les réalisateurs.
Rare percée du cinéma israélien dans le genre horrifique, « JeruZalem » reste un aller-simple en train-fantôme-touristique que certains emprunteront. D’autres passeront leur chemin devant un film qui, malgré son final, ne décolle pas et manque cruellement d’audace. Ils peuvent encore s’arrêter au « 10 Cloverfield Lane » de Dan Trachtenberg sortie récemment, fausse et intrigante suite du précédent opus produit par un J.J Abrams qui a emmené, depuis, le « found footage » dans une voie sans issue.