Consacrant un reportage sur Julius Goldstein, ancien combattant d’Espagne, la jeune philologue Irja Kräkte fait la rencontre de Lore Krüger témoin de ces évènements historiques qui l’accompagne dans ses recherches et lui fait découvrir les photographies prises dans différents lieux de ses exils dont elle est l’auteure. Captivée par son travail, Irja Krätke se lie à la graphiste berlinoise Cornelia Bästlein dans la construction d’une exposition dédiée à ses œuvres.
Avant l’intérêt porté aux photographies de Lore Kruger son nom fût renommé grâce à ses traductions littéraires de divers auteurs dont Daniel Delfoe, Joseph Conrad, Mark Twain. La lourde et intense biographie de l’artiste relate une vie notable et digne d’un document mémorial.
De par les lieux rencontrés, Lore Krüger approfondit ses compétences artistiques et étudie au County Council à Londres. Elle fait la connaissance de plusieurs artistes tel que la peintre photographe Florence Henry, ancienne élève du Bauhaus, qui lui apporte la connaissance de technique en montage, de l’exposition multiple, du photogramme. Elle s’instruit auprès d’Adolfo Zerkowitz, dont la notoriété se réfère principalement à ses images de la ville de Barcelone.
Combinant le pictorialisme à la Nouvelle Vision, les photographies de Lore Krüger ont été capturées dans ses différents lieux d’exil parmi lesquels Londres, Palma de Majorque, Paris et New York.
Composés au moyen de divers procédés et techniques exploitant jeux de lumière tels que l’ombrage, le maniement de matière et volume, l’organisation d’aplats ainsi que les cadrages et textures sont les fondements de ses natures mortes, portraits, photogrammes et représentations.
Ayant été introduite à la photographie par une conception de la pensée interprétative distante du réel, Lore Krüger étend son registre avec un reportage dédié au pèlerinage des Gitans à Saintes-Maries-de-la-Mer. Cela, ainsi qu’à l’aide de photographies provenant de Porto Cristo dévoilant les ravages causés par l’armée franquiste et le massacre qu’elle a engendré.
Malgré la dangerosité de la Seconde Guerre mondiale et des conséquences directes qu’elle porte contre Lore Krüger, la créativité passionnelle que lui procure la photographie mène l’artiste à révéler la guerre dans son réel. Elle y introduit les témoins, leurs visages et l’atmosphère qu’ils suscitent.
Par son engagement de lutte contre le nazisme, Lore Krüger occupe le poste de portraitiste auprès de la revue The German American fondée avec son mari. Elle y poursuit son chemin avec l’attitude et l’expérience d’un parcours enrichi, incarnant le symbole de la femme émancipée des années 1930-1940.
Léguant ses engagements par la mémoire, Lore Kruger écrit son autobiographie, « De par le monde : itinéraire d’une juive persécutée ». L’Exposition du Mahj constitue cent tirages photo, une entrevue audio et organise conférences, tables rondes et lecture-rencontre.