Viviane Teitelbaum, militante de choc, femme d’action, femme politique et femme de tête. Du journalisme à la politique, de l’écriture à l’organisation d’événements. Au service de la communauté avec l’Institut de la Mémoire audio-visuelle juive ou la Fondation Spielberg. Rédactrice en chef du magazine Regards ou présidente de la communauté juive de Belgique. Au service de sa commune comme échevine des finances et du commerce ou dévouée à la cause des femmes à travers le Lobby Européen des femmes. Députée de la Région bruxelloise, elle affronte courageusement les injures dans l’arène du Parlement quand elle évoque Israël. Entre deux coups, elle s’oxygène l’esprit en écrivant. Auteur de plusieurs livres sur les enfants – enfants cachés, enfants abusés – et sur la Shoah. Sans oublier sa commune d’Ixelles, chère à son cœur ainsi que les Femmes, son grand combat ! Entretien.
L’Arche : Viviane aux mille talents ?
Viviane Teitelbaum : Mon parcours diversifié est le résultat d’une volonté de m’impliquer pour changer les choses et améliorer le quotidien des citoyen-ne-s. Fille de survivants de la Deuxième Guerre mondiale, j’ai voulu dépasser les replis sur soi engendrés par les « différences » et la peur de l’Autre. Ce qui nécessite une vigoureuse remise en question. Mon engagement actuel en politique est le prolongement de mon action sur le terrain associatif. Je reste convaincue que l’éducation permet le changement. Aujourd’hui, mon action citoyenne et politique pour défendre les valeurs démocratiques cible l’antisémitisme, le soutien au travail de mémoire et la dénonciation des discriminations envers les femmes en recherchant des solutions innovantes.
L’écriture ?
J’ai été journaliste et j’ai publié une dizaine de livres. Pour moi, l’écriture est un moyen de questionner les certitudes et d’aider à changer les choses. Mes livres interrogent les questions sociétales et tentent d’apporter des réponses pour pouvoir agir. Je crois à la force des témoignages et des mots.
La Shoah ?
J’ai été Coordinatrice belge et représentante de la « Survivors of the Shoah Visual History Foundation » fondée par Steven Spielberg. Dans cette fonction, j’ai réalisé des interviews en Belgique et à l’étranger et assuré la coordination de toutes les interviews des survivants en Flandre, Wallonie et Bruxelles. Eduquer, transmettre, lutter contre l’oubli et travailler la Mémoire pour aider à construire ce monde meilleur dont nous rêvons pour nos enfants. Je travaille encore avec eux aujourd’hui.
Les femmes ?
Depuis 2010, je suis aussi Présidente du Conseil des Femmes Francophones de Belgique (CFFB) et marraine de l’action « Touche pas à ma pote » sur le harcèlement sexuel. En 2014, j’ai été élue présidente du Lobby Européen des Femmes (LEF)
Tant au Conseil des Femmes qu’au LEF, je travaille sur les thématiques des violences faites aux femmes (violences conjugales, domestiques, traite des êtres humains, prostitution, excisions, viols), sur la lutte contre les stéréotypes et les inégalités économiques, ainsi que sur la solidarité internationale afin d’aider les femmes à préserver leurs libertés face aux dangers du radicalisme religieux et culturel.
La Politique ?
Je suis Députée libérale au Parlement de la Région Bruxelles – Capitale depuis 2004, réélue en 2009 et 2014. Depuis le début, j’ai tenté de relancer l’accord de coopération économique entre la Région Bruxelloise et Israël. En vain. Mais je n’y renonce pas. Impliquée dans la vie communale à Ixelles (ndlr. Une des 19 communes bruxelloises) depuis 2006 pour le groupe MR (Parti de Centre droit), je deviens, en 2012, échevine des Finances, de la Propreté publique et, ensuite, j’hérite aussi des portefeuilles du Commerce et du développement économique.
Depuis les attentats, la Belgique se préoccupe-t-elle plus de la sécurité de ses citoyens ?
Sur le plateau de RTL, dimanche 17 avril, Denis Ducarme (MR) a indiqué que, comme responsable de la Commission parlementaire de l’enquête sur les attentats, il se rendrait en Israël y étudier les moyens mis en œuvre pour assurer la sécurité de l’aéroport de Tel Aviv au grand dam du député Ecolo présent sur le plateau. On trouve ainsi des politiciens assez bornés pour ne pas faire la différence entre le conflit qui oppose les Israéliens aux Palestiniens d’une part et les formidables avancées technologiques réalisées par Israël notamment en matière de sécurité qui pourraient inspirer la Belgique ?
« En effet, dans notre pays, une partie de la gauche est très militante antisioniste au point de trop souvent franchir les lignes rouges et de glisser ou susciter l’antisémitisme. Comme je le dis dans mon livre : « L’antisémitisme est aussi distinct de l’antisionisme que l’incendie peut l’être, par exemple, du vent qui l’attise. Oui, il peut y avoir du vent sans feu… mais que l’incendie se déclenche et l’effet du vent se fera ravageur. »
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Photos :
Viviane Teitelbaum entre le Roi Albert II et la Reine Paola lors de la remise du prix « Femme de paix » en 2012 par les souverains au Château de Laeken
Viviane Teitelbaum avec Simone Veil lors d’un déjeuner- conférence à Bruxelles.
Le cinéaste Steven Spielberg remercie Viviane Teitelbaum pour son travail au sein de la Fondation. Il est de passage à Bruxelles pour recevoir l’insigne de Commandeur de l’Ordre de la Couronne pour l’ensemble de son œuvre, à l’occasion de la sortie de son film Les Aventures de Tintin, Le Secret de la Licorne.
