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Antisémitisme

Yom HaShoah : pourquoi se souvenir ?

Cette journée dédiée aux six millions de Juifs victimes de la barbarie nazie commémore le génocide juif de la seconde guerre mondiale. Mais pourquoi est-il fondamental de faire perdurer cette mémoire ?

Sous l’égide de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, une lecture publique ininterrompue de 24 heures se déroule aujourd’hui à l’occasion de Yom HaShoah, cette journée annuelle dédiée aux six millions de Juifs victimes de la barbarie nazie. 76 000 noms sont lus par quelque 200 anciens déportés, parents, bénévoles, enfants…. De même, partout dans le monde, des cérémonies officielles, des offices dans les synagogues, des ateliers de réflexions dans les écoles, organisent un espace de réflexion sur la Shoah. Mais pourquoi ce « devoir de mémoire » est-il fondamental ?

La mémoire est la base première de toute identité, tous les psychologues en conviennent, puisque l’identité se fonde à partir de ce qui la précède. Depuis la fin de la guerre, la Shoah a tant reconstruit et restructuré les identités en général et l’identité juive en particulier, que certains intellectuels comme le philosophe Didier Durmarque, l’appréhendent comme l’événement fondateur de la modernité. Le génocide juif a transmis un patrimoine constitutif en héritage, laissé des traces autant qu’il a dévoilé le nouveau visage de la bête humaine.

La mémoire fonctionne comme un témoignage actif contre le révisionniste historique et le négationnisme, qui prend de l’ampleur à mesure que les derniers témoins disparaissent. Car quand la mémoire individuelle s’éteint, la mémoire collective prend le relais. Pour lutter contre les pseudo-érudits qui diffusent des versions faussées de l’histoire et qui nient ouvertement ce crime contre l’humanité, les témoignages et les archives sont plus efficaces que la loi Gayssot. Soixante-dix ans après Auschwitz, la mémoire devient l’ultime outil contre cette perversion intellectuelle.

Pour ne pas trahir les morts à qui les nazis ont nié toute dignité. Perpétuer le souvenir de ces existences, restituer une parcelle d’identité à ceux qu’on a voulu définitivement éradiquer, demeure un pied de nez à la barbarie nazie, une lutte ouverte contre le crime maquillé.

Cependant, au vu des autres génocides qui ont eu lieu depuis, comme celui des Tutsis perpétré au Rwanda, il est difficile de croire aux vertus thérapeutiques du souvenir. Difficile de soutenir l’idée que l’homme a tiré des leçons de l’histoire.