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Cinéma

Ce que nous aimons chez Woody Allen

Il y a cinq ans, il faisait l’ouverture du festival de Cannes avec « Midnight in Paris ». Vision d’un Paris d’hier et d’aujourd’hui avec ses terrasses de café bavardes, la fontaine de la place Saint Médard balayée de soleil, sa boulangerie gourmande, la rue Mouffetard et son charme provincial…Plus loin, le Montparnasse de la belle époque qu’il faisait revivre avec ces silhouettes qui ont hanté le quartier et lui ont donné ses lettres de noblesse, ses peintres, ses sculpteurs, ces écrivains qu’il faisait revivre avec délice.

L’Arche aurait pu le mettre en couverture du Hors-Série que nous bouclons et qui paraîtra à la mi-mai, hommage multiforme à la ville lumière, ville-symbole, ville-liberté. Mais nous l’avons par le passé mis si souvent à l’honneur qu’on a préféré donner toute la place à la ville à travers des portraits, des quartiers, des repères, en titrant : « Ce qui change, ce qui bouge, ce qui reste ». On y trouvera des entretiens avec Anne Hidalgo et Nathalie Kosciuszko-Morizet, le Paris de Zweig, de Modiano, de Théodore Herzl. Ou encore celui de Vincent Peillon, de Stéphane Freiss, de Keren Anne…Et de tant d’autres.

Quant à Woody Allen, il nous revient cette semaine en faisant de nouveau l’ouverture du festival de Cannes, avec cette fois un va-et-vient entre New York et Los Angeles sous le titre « Café Society ».

Ce que nous aimons chez Woody Allen et dont on ne se lasse pas au fil des années ? Les discussions interminables au resto chinois ou dans la file d’entrée d’un cinéma sur l’amour, sur Dieu, sur la facture du plombier ou celle du psychanalyste. Les blagues juives qu’on retrouve de film en film, jamais les mêmes et toujours semblables. Les notes de musique de Gershwin qui traversent chacune de ses productions et qui leur donnent un air de familiarité, comme si d’un film à l’autre, on poursuivait la même rengaine. Ce qu’il dit de la religion juive, que c’est la seule à ne pas promettre le paradis (et peut-être a-t-il raison sur ce point ). Ce climat de pessimisme désespéré qui, sur une pirouette, peut se transformer en un éclat de rire. Ce mélange de naïveté new-yorkaise, de charme européen et d’humour juif qui fait qu’à quatre-vingts ans, l’éternel jeune homme du cinéma, n’en finit pas de nous séduire. Come un vieil oncle dont on supporte les litanies et dont on attend les saillies. Ad Mea Veesrim, Woody Allen !