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Cinéma

Eran Kolirin : « La situation du cinéma israélien est très bonne! »

L’Arche : Vous avez dédié votre film (« Par-delà les montagnes et les collines ») a l’actrice Ronit Elkabetz, récemment disparue. Était-il question initialement qu’elle joue dans le film ?
Eran Kolirin : Non, elle n’était pas prévue, mais elle était une bonne amie à moi, elle a toujours été là pour moi. Et comme vous le savez, Cannes était toujours une seconde maison pour elle. Il m’a semblé évident que le film devait lui être dédié.

La musique jour un rôle majeur dans vos films. C’était le cas pour « La visite de la fanfare », et c’est le cas cette fois aussi…
Oui. Toute la musique israélienne a ceci de particulier qu’elle a toujours quelque chose de très beau et de très tragique à la fois. Même dans les chansons les plus optimistes, les gens se retrouvent tout autour, ils sont contents, mais on ne peut pas se départir du sentiment que ça ne va pas, que ça ne durera pas, ou que ça s’arrêtera très vite. Et le film est installe dans ce sentiment-la, le sentiment que tout va bien et rien ne va. Chacun essaie de se débrouiller comme il peut, et en même temps, les choses ne tournent pas comme il faut. Tout le monde danse et à la fois tout est compliqué, c’est cela la musique israélienne.

« Par-delà les montagne et les collines », c’est un grand classique du folklore israélien, et c’est en même temps la chanson du « bel Israël »…
Oui, c’est une chanson qui dit qu’il y a quelque part un rocher rouge derrière les collines, mais personne n’en est revenu vivant. C’est une chanson qui est un peu comme une métaphore.

Tous les personnages du film sont finalement des gens bien. Ils cherchent à être des gens bien, et pourtant ça ne marche pas. Pour quelle raison ?
Je ne sais pas au fond ce que signifie être quelqu’un de bien. Les choses se compliquent toujours et vous n’avez pas le contrôle de la situation. Prenez, par exemple, une situation où vous avez le choix entre être tué ou devenir un tueur. Qu’est-ce que cela voudrait dire d’être un type bien? Il n’y a pas de bonne réponse à cette question, et il n’y a pas de bonne manière de la résoudre. Les conséquences de cette question sont si complexes que vous ne savez plus ce qu’est le bien et ce qu’est le mal, ce qui est vrai et ce qui est faux. Vous ne savez pas qui traverse la rue. Vous ne savez pas si ce qu’on a dit à la télévision est vrai ou pas. Être quelqu’un de bien n’a pas de sens dans cette situation-là. C’est juste quelque chose que vous vous dites à vous-même. C’est bien, c’est pas bien.

Vous êtes un cinéaste du tragique ?
Oui. La possibilité d’être à la fois passionné par ce qu’on fait, d’être quelqu’un de juste et d’avoir un chez-soi, c’est une combinaison qu’il est difficile de cumuler. Dans le film, chacun des membres de la famille voudrait vivre sa passion, être juste et avoir un chez soi. Et tous ces éléments s’agencent mal. Vous ne pouvez pas avoir le jeu complet.

Vous étés satisfait de la réception du film à Cannes?
La projection était bonne. Maintenant, je ne peux pas lire sur les lèvres et j’ignore les réactions du public . Ce que je sais directement vient des gens qui ont aimé le film et qui me le disent. Les gens qui n’ont pas aimé ne me disent rien. Donc, je ne saurais jamais.
Quand les Parisiens pourront-ils le voir ?
Je ne sais pas, nous n’avons pas encore de distributeur à Paris.

C’est la seconde fois que vous venez a Cannes. Le cinéma israélien est chaque année un peu plus présent.
Je pense que la situation est favorable et que les films israéliens font une très bonne impression.