Lorsqu’un journaliste demanda à Eddy Mitchell ce qu’il pensait de la politique américaine, lui qui y puise son nom de scène et surtout ses inspirations musicales et cinématographiques, le chanteur répondit : « Je prends le meilleur des États-Unis et je leur laisse le reste. » Une des meilleures choses à prendre, à apprendre des États-Unis, est l’état de béatitude. Celui qui se définit de manières tellement différentes par les premiers intéressés eux-mêmes. Ainsi, la Beat Generation utilisa ce terme pour signifier à la fois l’émerveillement, le rythme et le coup de blues. Et cette génération ramassa ces sentiments confus dans un sac à dos et parti sur les routes. Sur ses routes, celle qu’elle se choisissait dans une Amérique d’après-guerre où il y avait tout à reconstruire au niveau des valeurs humaines et du respect d’autrui. Où derrière les parades, il fallait cacher les différences de foi, d’orientation sexuelle et surtout de couleur de peau. Ce qu’explorèrent sans aucune pudeur cette Beat Generation et qui nous sert aujourd’hui pour dépasser les haines et préjugés et forcer une curiosité intéressée, très intéressée par autrui et non par ce qu’il représente d’un point de vue statistique ou marchand. La rencontre avec autrui, avec soi-même, cette connaissance qui est un fruit défendu pour certains, renaît au milieu de la surmédiatisation, chez les êtres en quête d’authenticité. Rencontre avec Jeane Manson, une de ces artistes qui symbolise depuis quelques décennies l’importation de ces valeurs américaines.
L’Arche : De nombreux artistes vous accompagneront sur scène ?
Jeane Manson : Je vais avoir le plaisir de jouer avec Shirel, et aussi Claude Barzotti, Mathieu Sempéré et Jean-Jacques Lafon, ainsi que d’autres invités surprises. Je vais partager avec le public de l’Espace Rachi des chansons connues de mon répertoire mais aussi quelques nouvelles issues de mon album « Amour » qui vient de sortir. Shirel et moi allons bien sûr chanter en duo sur plusieurs chansons. C’est un grand bonheur pour moi de retrouver le public de l’Espace Rachi.
Cela vous a pris beaucoup de temps pour préparer l’album ?
Environ un an. Il m’a fallu beaucoup voyagé. Je me suis occupé de sa production, à l’image de beaucoup d’autres artistes aujourd’hui. J’ai une belle complicité avec mes musiciens, qui sont une trentaine en tout. Des amis m’ont composé des chansons, en particulier celles très émouvantes de Claude Barzotti : « Comme un homme », « Parle-moi d’elle »…
Les Français vous ont découvert dans les émissions des Carpentier, notamment lors de vos grands duos avec Joe Dassin.
C’était une fabuleuse époque. Les artistes avaient beaucoup de possibilités concernant les moyens d’expression. De belles chansons étaient présentées dans des décors très créatifs. Une époque avec une telle créativité ne pouvait que marquer les esprits.
Souvent, on oppose les cultures américaines et française. Ces deux qui vous inspirent. Est-ce la grande particularité de votre œuvre ?
J’ai eu la chance de vivre dans de nombreux pays et d’y rencontrer des cultures très enrichissantes. C’est pour cela que je chante ça à travers mes chansons. C’est un honneur de pouvoir faire ce métier, depuis si longtemps, avec des hauts et des bas. La musique est un des meilleurs pont entre les cultures, permettant des rencontres étonnantes et marquantes. Nous allons d’ailleurs poursuivre la tournée en Israël cet été.
Quels chanteurs vous ont donné envie de faire de la scène ?
Le premier est sans aucun doute Peter Pan ! C’était ma comédie musicale préférée. Puis, les grandes révélations que furent pour moi Linda Ronstadt, Joan Baez, Billie Holiday, les Eagles, Beatles, Rolling Stones…
Les valeurs que représentaient Joan Baez, Bob Dylan et d’autres, celles héritées de la Beat Generation, peuvent-elles nous guider aujourd’hui, pour que les gens se retrouvent, notamment à travers la musique ?
Certainement. Et si les religions pouvaient faire de même à travers la musique, tout le monde y gagnera ! On chante pour prêcher l’amour et la paix.