Le dernier film de Bernard-Henri Lévy raconte le combat des Kurdes contre Daesh
De juillet à décembre 2015, avec une équipe de cinéma, BHL a remonté les 1 000 kilomètres de la ligne de front qui sépare le Kurdistan irakien des troupes de Daech.
De ce voyage est issu un journal de bord, un journal filmé, d’une guerre qui nous concerne tous : la résistance kurde à l’État islamique, soit au centre de commandement des attaques terroristes qui ont frappé, aussi, mais avec une violence inédite lors de l’année 2015, notre pays, la France. Après Bosna ! (1994), et Le serment de Tobrouk (2012), Peshmerga vient composer un véritable triptyque cinématographique du genre, de l’écrivain et philosophe. Impressionnant, engagé, rare, ce film nous offre de suivre certains visages de nos plus sûrs alliés dans la région, incarnant cette ligne de front lointaine et pourtant si proche. Au plus près des Peshmergas, ces combattants kurdes dont le nom signifie « Ceux qui vont au-devant de la mort », faisant preuve d’une détermination sans faille dans leur lutte contre l’obscurantisme et le jihadisme, le film nous mène, embarqués, des hauteurs de Mossoul, de la biblique Ninive donc, au cœur des Monts Sinjar, aux côtés de cette armée fondée sur les principes d’égalité entre les sexes et sur celui de laïcité absolue.
L’équipe du film aura été témoin de nombreuses batailles dont celle d’Al Murah début juillet, d’Albu Najim fin août, d’Albu Mohamad le 10 septembre, celle de Muzrya le 30, ou encore celle de la plaine du Sultan Abdullah en octobre.
« Ceux qui vont au-devant de la mort », si possible en l’évitant, et si possible en protégeant la vie de leurs troupes et des civils, ceux-là, n’en goûtent pas l’ivresse que leur ennemi au sol affectionne sordidement.
Ce sol, justement, que la coalition internationale ne se décide pas à fouler, cette armée s’y sent seule et c’est bien avec enthousiasme et beaucoup d’émotions, à la hauteur de l’enjeu, qu’une délégation kurde était venue recueillir une ovation à Cannes, lors de la projection hors-compétion du film, sélectionné par le Festival, le 20 mai dernier.
Durant 1 h 30, Peshmerga nous fait parcourir les chemins des derniers monastères des Chrétiens d’Orient, des camps de réfugiés Yézidis, et retourner sur les traces des Juifs exilés de Babylone, énoncées fierté : un pont dit « de la Synagogue », la maison natale d’un futur Ministre de la Défense d’Israël, Yitzhak Mordechai, le tombeau du prophète Nahum dans un petit village araméen. D’avis quasi général, la force du film réside également dans celle de ses incroyables images, certaines tournées à l’aide de drones (ce qui n’avait jamais été fait en Irak), au-delà des lignes kurdes, survolant les lignes de Daech et la sinistre Mossoul.
Peshmerga n’est absolument pas un film neutre. C’est le récit, ce sont les images et les visages du combat du peuple Kurde en première ligne contre l’État islamique. En effet, eux, et cette cause, méritent bien notre soutien…
Pour Bernard-Henri Lévy : « L’histoire remonte au printemps 2015. J’avais réalisé un reportage au Kurdistan d’Irak. J’ai fait venir à Paris six commandants dont la détermination, le courage, la position en première ligne dans la lutte mondiale contre Daech, la solitude, m’ont beaucoup impressionné. Ils ont, à peine arrivés, tenu à aller se recueillir devant l’immeuble de Charlie Hebdo, puis devant l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. Nous avons passé des heures à débattre de la façon de contrer cette menace terroriste en train de s’emballer. Et l’idée est apparue que, si Daech est bien une force capable de frapper partout, à tout moment et par surprise, si cet ennemi nouveau est, le plus souvent, insaisissable et invisible, il y a un endroit du monde où il a ses bases, ses cerveaux, ses centres d’entraînement et de commandement, ses arrières – et que, là, en revanche, il est possible de l’atteindre. Cet endroit, c’était l’État islamique. J’avais en face de moi quelques-uns des Peshmergas qui étaient au contact des tueurs. L’idée est née là : aller à la rencontre de ces guerriers légendaires ; partager, autant que faire se pourrait, leurs espérances, leurs rêves, leur vie de chaque jour, leur combat ; s’employer à suivre, pour cela, la longue ligne de front qui, du sud au nord, de la frontière avec l’Iran à celle avec la Syrie, court sur mille kilomètres et les sépare des djihadistes ; et, de ce voyage, faire un film. »