On est au-delà de l’accablement et de la tristesse, au lendemain de ce carnage perpétré par un camion qui a foncé sur la foule jeudi soir sur la promenade des Anglais à Nice.
Non, il ne s’agit pas d’un camion fou. Le tueur a choisi la date, un 14 juillet, au moment du feu d’artifice, au moment où la foule était rassemblée. Il a choisi la cible, des jeunes, des enfants, des familles réunis pour la fête nationale.
Mettre un 19 tonnes sur la grande avenue niçoise un soir de fête pour faire un maximum de victimes, ne relève pas du déséquilibre, ni de la folie, comme on ne manque pas encore de chercher à nous le faire accroire. C’est un acte déterminé, planifié, motivé, organisé. C’est un acte de défi, dans une ville qui n’a pas été loin de tomber il n’y a guère longtemps dans les bras du Front National, dans une ville déjà ciblée par un attentat terrible qui a visé, pas très loin de la promenade, avenue Jean Médecin, les locaux de la communauté juive locale, dans une ville qui s’enorgueillissait il n’y a pas si longtemps, d’avoir introduit partout des caméras de surveillance.
Ce barbare tueur d’enfants est Tunisien. Il a beau ne pas figurer dans les fichiers islamistes. Il a agi pour eux, il a fait la guerre en leur nom. C’est leur cause qu’il défend. Cette cause qui, même Le Monde s’en avise enfin, est celle du totalitarisme islamiste.
L’heure n’est plus à la compassion et aux subtilités. Il y a désormais de la colère, de la rage, de la révolte. J’étais mercredi soir dans une synagogue de Northwood, à Londres, où j’étais invite à parler devant une centaine de personnes de Brexit, de désarroi et d’antisémitisme. Quelqu’un m’a demandé si le terrorisme était en baisse en France et si tout était calme à Nice, car il s’apprêtait à venir en vacances avec sa femme. J’ai cru utile de répondre oui aux deux questions. En rentrant le soir même en France, j’apprenais le carnage. J’ai pris soin de prendre des nouvelles de ce couple d’Anglais à qui j’ai présenté mes excuses et qui, heureusement, n’était pas sur les lieux. Mais les autres ! Tous les autres !
Le temps est au deuil bien entendu. Et nous pensons à toutes ces familles fauchées dans la fleur de l’âge, à tous ces enfants, à tous ceux qui ne sont pas passés loin, à tous ceux qui ont laissé leur vie. Le cœur se fend à la vue de cette horrible scène de guerre au cœur d’une ville que nous aimons, et qui est désormais frappée en plein cœur, meurtrie, martyrisée.
Mais le deuil se fait les poings serrés. Parce que c’est trop! Parce que ça suffit ! Parce que cette nuit de cauchemar doit marquer un coup d’arrêt !