Aujourd’hui, la jeunesse juive ne s’engage pas de la même manière qu’elle le faisait hier. Nouveaux courants, nouvelles méthodes de communication, le tout pour refaire le monde et s’identifier comme acteurs de la transmission de demain.
Le mot « transmettre » résonne dans la tête de nombreux jeunes de la communauté juive de France aujourd’hui. Âgés de 16 à 35 ans, ils rêvent de partager avec la nouvelle génération toutes les valeurs qui leur sont chères : famille, culture, religion… S’interroger sur la jeunesse d’aujourd’hui c’est également revenir sur les valeurs transmises par les deux générations précédentes. Dans la tradition juive, les parents sont les vecteurs de l’éducation et ouvrent les enfants à la culture et à la transmission. Celle-ci est enracinée dans une tradition millénaire. Pour conserver cela, il faut s’identifier et s’engager. Ces deux notions n’en font plus qu’une. Elle est véhiculée par les très nombreux mouvements de jeunesse juive en France.
Si les deux générations précédentes se sentent parfois larguées avec l’arrivée des réseaux sociaux, sachez que les collégiens, les lycéens, les étudiants ou les jeunes fraîchement arrivés dans la vie active, savent s’en servir ! Aujourd’hui presque tout passe par Facebook, twitter et autres…
« Les jeunes que nous encadrons dans les mouvements « jeunesse » sont en quête de repères. Je vois que les parents sont dépassés par rapport aux nouvelles technologies. Ces mêmes enfants recherchent un cadre qui leur convient et qui les réconforte dans leur identité. Dans les mouvements jeunesse, on parvient à mêler le moderne et la tradition, et les jeunes s’y retrouvent. Cela peut les pousser à devenir peut-être demain des leaders communautaires et à transmettre à leur tour », explique Sarah Fellous de l’OFAC. Il est loin le temps où nos parents sortaient dans la rue pour manifester et s’engager publiquement. « On peut avoir une posture un peu passéiste et conservatrice même, voire rétrograde, en disant que les jeunes d’aujourd’hui s’engagent moins que la génération de leurs parents. Nous ne vivons pas notre mobilisation de la même manière. Nous n’avions pas les réseaux sociaux, donc on avait plus le temps de se retrouver et de refaire le monde. Notre engagement était plus politique, lié à un militantisme citoyen. On constate que cette jeunesse d’aujourd’hui semble un peu individualiste, retranchée dans sa chambre. Mais c’est un faux procès. Les jeunes engagés veulent changer le monde et pour cela ils utilisent les réseaux sociaux, ils sont une forme d’expression différente de celle que nous avions », commente Philippe Lévy, le directeur de l’Action jeunesse du FSJU.
Des méthodes de transmission différentes et une incompréhension donnent lieu à la fameuse « crise de transmission ». La famille n’est plus la seule à transmettre. Les jeunes recherchent donc un climat de confiance qui permet la transmission.
Pour continuer cet engagement, de très nombreux mouvements de jeunesse ont vu le jour. Ces structures offrent des valeurs tournées vers le judaïsme et Israël. Parmi elles : Yaniv, Hatzair, Moadon, Gan Israel, Hebraica jeunesse, MJLF, BBYO, Service civique du FSJU. Réunis pour le week-end à l’occasion du séminaire jeunesse organisé par le FSJU à Etiolles, Sarah et Alix nous ont livré leur regard sur la situation actuelle et leur cheminement. À la question, « quelle est la valeur la plus importante pour vous ? », les réponses diffèrent. Cependant, elles sont toutes les facettes conduisant à la transmission. Enthousiastes, dynamiques, avec des projets plein la tête, cette jeunesse constitue l’avenir de notre pays.
« Pour moi le judaïsme c’est une solidarité, une transmission d’idées et de valeurs », dit Sarah Fellous. Alors que les moyens de communication explosent, les références, elles, ne se différencient pas énormément. Quelles soient religieuses, politiques et littéraires, les noms les plus célèbres reviennent : Shimon Pérès, Golda Meïr, Yitzhak Rabin… À bien y réfléchir, il est de la responsabilité de la génération de nos parents engagés dans la communauté de donner sa chance à cette jeunesse. La solution : l’accompagner et lui transmettre les outils nécessaires afin qu’elle se réalise dans des projets constructifs et fédérateurs.
« C’est difficile d’être juif en France aujourd’hui et c’est pour ça que l’on est là. On essaie de donner des outils à nos jeunes pour qu’ils puissent se sentir bien et qu’ils puissent, s’ils le veulent, faire leur vie ici. La solution n’est pas de fuir. Si certains souhaitent partir en Israël, y faire leur Alyah, c’est un choix personnel », explique Alix Soussan, chargée de projets jeunesse au FSJU.