D’anciens tweets d’une extrême violence d’un chroniqueur du Bondy Blog provoquent un tollé. Antisémites, misogynes, homophobes, ces tweets, signés de Marcelin Deschamps, – entre autres « Ben Laden me manque » , « faites entrer Hitler pour tuer les juifs » – sont reconnus par l’auteur :
“Jusqu’en 2015, sous le pseudo « Marcelin Deschamps », j’incarnais un personnage honteux raciste antisémite misogyne homophobe sur Twitter. À travers Marcelin Deschamps, je questionnais la notion d’excès et de provocation. Mais aujourd’hui je tweete sous ma véritable identité. Je m’excuse si ces tweets ont pu choquer certains d’entre vous : ils sont obsolètes.”
Voici la déclaration de Mehdi Meklat, postée sur son compte twitter le 18 février, après que l’exhumation de certains de ces messages, vieux pour certains de plusieurs années, aient indigné la toile.
“Antisémite, raciste, misogyne et homophobe”, en effet, c’est le moins que l’on puisse dire comme en témoignent les quelques captures d’écrans ci-dessous, réalisées à partir de son compte personnel, depuis expurgé de plusieurs milliers de messages, après que ces derniers aient été repérés par de nombreux internautes, sous le choc de leur violence apparente.
Qui est Mehdi Meklat ?
Mehdi Meklat collabore depuis 2008 avec avec Badroudine Saïd Abdallah, dit Badrou au Bondy Blog, à l’occasion de chroniques sur la vie en banlieue. Leur duo est repéré par la journaliste Pascale Clark, qui leur donne en 2013, une place dans son émission Comme on nous parle sur France Inter jusqu’en juin 2015.
Ils réalisent également, à la même époque, pour la chaîne télévisée Arte, des chroniques vidéos puis un documentaire consacré à la barre Balzac de la Cité des 4000 de La Courneuve.
En 2015, Mehdi publie son premier roman Burn out, coécrit avec son comparse de toujours, racontant la vie et les espoirs déçus de Djamal Chaar, qui s’était immolé devant une agence Pôle emploi en 2013. Alors que ses tweets odieux circulent à la vitesse de la lumière depuis 2 jours sur les réseaux sociaux, générant stupeur, tollé et incompréhension, Mehdi Meklat se défend donc de les avoir publiés au premier degré mais sous couvert d’un personnage fictif, à travers lequel il « questionnait la notion d’excès et de provocation », soutenu par Pascale Clark elle-même, qui a également réagi par un tweet :
Choisi par le journal Les Inrocks pour interviewer Christiane Taubira et poser avec elle en Une du numéro du 1er au 7 février, l’ambiguïté de sa démarche numérique risque de devoir au minimum être un peu mieux expliquée qu’en 140 signes, par lui-même et les responsables éditoriaux qui l’ont accompagnée…
Après la polémique, Mehdi Meklat a « nettoyé » son compte twitter en retirant des milliers de messages. Il qualifie ces tweets d’ « obsolètes ».
François Busnel, l’animateur de « La grande librairie » qui avait invité l’auteur le 15 février a publie un communiqué selon lequel il ne l’aurait pas invité s’il avait été au courant de ces tweets.
Son ami Mouloud Achour, apprend-t-on, l’avait mis en garde : « Arrête ces tweets ! Tu n’es pas dans une cour de récréation ! Les écrits restent, un jour on te les ressorrtira ».
Meklat lui aurait répondu : « Mes tweets sont des pulsions ».
Aline Le Bail-Kremer