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Cinéma

Etre femme et synchro avec ses désirs de dialogue et de paix

Les dimanches israéliens des 7 Parnassiens proposent deux documentaires ce dimanche. Parmi eux, Women in Sink, réalisé par Iris Zaki. Celle-ci dialogue avec les habituées d’un salon de coiffure fréquenté en grande partie par des arabes israéliens… en leur lavant les cheveux. Rencontre.

 

L’Arche : Comment choisissez-vous d’aborder un tel sujet et de le filmer de telle manière ?

Iris Zaki : J’avais réalisé un court-métrage – My Kosher Shifts – basé sur mon interaction avec des juifs ultra-orthodoxes dans un hôtel où je travaillais en tant que réceptionniste. J’y filmais mes conversations à la réception, ce qui provoqua en moi le désir de réaliser un film de la même manière. La première communauté que je voulais montrer, après ce court-métrage, était la communauté arabe de Haïfa. Il s’agissait de ma ville natale, avec laquelle je n’ai jamais vraiment eu l’opportunité de communiquer. Les gens vivaient de manière séparée, chacun avec les gens de sa religion. Les enfants se retrouvent séparés dans des écoles juives, chrétiennes et musulmanes, à l’exception de quelques écoles mixtes. Je réfléchissais donc au commerce qui me permettrait cette interaction, avec le temps et l’espace nécessaires pour parler aux gens. Et puis, un jour, ça m’est venu à l’esprit : en lavant des cheveux. J’aime bien le fait qu’il ne s’agisse que de femmes et qu’on y retrouve une certaine intimité. Que je peux toucher des femmes arabes, lavant leurs cheveux, et ainsi briser la glace. J’ai donc cherché le lieu adéquat et c’est ainsi que j’ai découvert le Salon de coiffure de Fifi.


Pensez-vous que les « gens ordinaires » comprennent et vivent mieux la coexistence que les politiciens et même les artistes ?

Sans aucun doute. Lorsque les gens vivent à côté les uns des autres, ils sont exposés à l’évidence de base que nous sommes tous égaux. Les politiciens et les médias nous divisent, en présentant les gens sous la forme de groupes et non de visages, permettant ainsi d’opposer « eux » et « nous ». Tout en disant cela, des tensions politiques, ethniques et religieuses demeurent, qui à cause d’un cadre plus global nous empêchent de nous considérer comme une société heureuse. Le statut de minorité des Arabes israéliens ne peut pas non plus être ignoré.

 

Haïfa est-elle une ville spéciale concernant cette coexistence et ce partage, ou est-ce le cas dans bien d’autres lieux en Israël ?
Je pense que Haïfa est effectivement un lieu particulier, du fait de sa mixité qu’on ne retrouve pas dans d’autres grandes villes en Israël. Il y a des quartiers arabes que fréquentent les juifs. Les trois religions sont respectées dans la ville. La ville est israélienne, on y voit donc des différences dans les modes de vie. On me dit que de nombreux jeunes arabes choisissent de venir vivre à Haïfa ces derniers temps. Il y a des bars et des cafés arabes, avec des menus en arabe. C’est quelque chose de très bien, en espérant que cela peut servir de modèle aux autres villes.

 

Le 26 février à 11h.

Les dimanches israéliens des 7 Parnassiens. 98 bd du Montparnasse, 75014 Paris.