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Cinéma

Le Festival du Cinéma Israélien de Paris ouvre ses portes le 21 mars

Rencontre avec Hélène Schoumann, la présidente du festival qui en est à sa 17e édition.

L’Arche. : Quel film fera l’ouverture du festival. Et pourquoi ce choix ?

Hélène Schoumann : Ce fut une vraie bataille pour avoir le film d’Avi Nesher, Past Life. C’est lui que je voulais et aucun autre. Le metteur en scène, qui est un ami, était ravi qu’il fasse l’ouverture du festival à Paris. Dès que je l’ai vu à Haïfa en octobre, j’ai eu un coup de foudre, comme tout le monde en Israël. Néanmoins, l’industrie à d’autres espérances et le vendeur du film voulait attendre la fin de la Berlinale. Finalement, c’est bon. Le film se déroule dans le milieu des années 70 en Israël. Deux sœurs vont enquêter sur le passé trouble de leur père en Pologne pendant la guerre. C’est le monde des survivants, un Israël encore peuplé de gens meurtris avec des numéros sur leur bras. Ceux-là sont encore enracinés au monde d’hier. La couleur du film est magnifique, il faut saluer le travail sublime du chef opérateur Michel Abramowicz, un véritable peintre. Et puis, au delà du cinéma, c’est un film qui me touche personnellement. Je viens d’une famille de rescapés, les secrets y étaient nombreux car en ce temps on ne parlait pas. Ces filles sont mes sœurs.


Quels autres films seront projetés ?

2017 est une année flamboyante et magnifique, je n’en espérais pas tant. Le cinéma israélien est comme le vin, il y a parfois de mauvais crus mais là c’est incroyable, autant dans les documentaires que dans les fictions , c’est un feu d’artifice. D’abord, nous avons Quiet Heart d’Eitan Anner. Une jeune pianiste de Tel-Aviv se retrouve à Jérusalem confrontée aux religieux. Harmonia d’Ori Sivan est l’histoire transposée dans le monde moderne d’Abraham avec ses deux femmes. La prestation magnifique d’Alon Aboutboul dans le rôle d’un chef d’orchestre est hallucinante. Puis, nous avons des films drôles avec 90 Minutes war d’Eylal Halfon. Un match de football est organisé entre les Palestiniens et les Israéliens et on imagine que celui qui gagnera le match aura Israël. En fait, on y voit toute la préparation du film avec l’incroyable acteur Moshe Ivgy. Côté documentaire , nous avons Twist à Dimona, six filles juives venues des pays arabes racontent comment elles sont arrivées en Israël , propulsées dans un no man’s land au milieu du désert. Mais cette année nous avons laissé la part belle à la fiction.


Un an après la disparition de Ronit Elkabetz, comptez-vous organiser un hommage à celle qui incarnait aussi bien la modernité et l’engagement du cinéma israélien ?

Oui, un an déjà. J’ai encore du mal à parler d’elle au passé. C’était une amie. J’ai connu Ronit il y 22 ans. Elle arrivait à Paris pour essayer de percer en France. Ici, personne ne la connaissait. Nous avons animé une soirée poésie ensemble, elle récitait Baudelaire en hébreu et moi en français. Puis, nous avons gardé le contact. Ici, elle me considérait comme sa famille. Trois de ses films sont projetés. Tout d’abord, La visite de la fanfare, elle m’en avait parlé lorsqu’elle venait de le tourner. Elle n’imaginait pas que ce serait un tel succès. « Tu verras, m’avait elle dit, c’est un très joli film. » Puis, Mariage tardif et Prendre femme. Ce sont pour moi les trois films phares de sa carrière.


Cette année, vous êtes au Majestic-Passy, pourquoi ce choix ?

En fait, quand j’ai repris ce festival, je voulais impliquer mon amie, une grande dame du cinéma et en particulier du cinéma israélien, Sophie Dulac. Je ne pouvais pas imaginer cela sans elle. Elle m’a proposée une salle dans ses cinémas et j’ai tout de suite accepté. En fait, on voudrait pérenniser le festival dans un même lieu et lui donner enfin une maison. Je dis « on » car maintenant nous sommes une équipe soudée comme les cinq doigts d’une main, et l’on dit sur l’autre rive que c’est un chiffre qui porte bonheur… alors !


Quel est votre plus beau souvenir du festival ?

Mon premier discours en tant que Présidente à l’ouverture du festival. J’étais assise à côté du parrain de l’époque, Yvan Attal, et je tremblais. Il m’a fait répéter mon discours en me rassurant. Il avait des étoiles dans les yeux.

 

Du 21 au 28 mars au Majestic Passy. 18 rue de Passy, 75016 Paris.