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Emmanuel Macron, la marche d’un Président

De l’audace et une conjoncture. Du courage et de la chance. Un élan et de l’obstination. C’est un mélange de tout cela qui aura mené Emmanuel Macron à la présidence de la République, mais un mélange qu’il aura su gérer tout au long de cette longue marche qu’il a entreprise voici un an seulement et qui l’aura conduit à la tête de l’Etat.
Son élection est un exploit qu’il faut saluer. C’est le Président le plus jeune de l’histoire de la République. Son dynamisme, son optimisme, sa détermination sont des atouts pour sa présidence, comme son appel au renouveau qui fait du bien à tout le monde. L’ascension de cet homme inconnu du public il y a trois ans et qui a tracé sa propre route est saluée un peu partout dans le monde avec d’autant plus de force que cette ascension se situe à l’inverse total des tendances qui se dessinent dans d’autres parties de la planète ; et y compris au sein même de cette Europe dont il a fait un axe central de sa campagne.

Les premiers pas d’Emmanuel Macron comme président sont réussis. Le choix du Louvre, la marche solitaire pour accéder à l’esplanade de verre, donnaient à ses premiers discours une solennité, une gravité, une profondeur historique qui impressionnaient. Et on retiendra, dans son discours de rassemblement, la promesse de faire en sorte que dans cinq ans, ceux que la colère a fait voter Front National aient moins de raisons de le faire.

Car il faut s’inquiéter du score de Marine Le Pen. Elle a pratiquement doublé celui qu’avait obtenu son père en 2002 ( de I8% à 34%) et aura réuni un Français sur trois ( parmi les votes exprimés) au second tour de ce scrutin. Il ne faut pas se voiler la face, c’est désormais une composante durable du paysage politique, même si la présidente du FN – elle ou sa nièce ou son futur successeur – retrouveront difficilement des conditions aussi favorables qu’elles l’étaient lors de cette élection : la débandade des partis traditionnels, la prime à l’antisystème, le Brexit, l’élection de Trump, et les attentats islamistes. Tout cela devait jouer pour elle. Et tout se passe comme si elle avait dilapidé son capital par une prestation calamiteuse lors du débat télévisé, et une campagne de second tour où elle s’est discréditée. Mais derrière Marine Le Pen, on voit déjà se profiler de nouveaux visages, guère plus rassurants.

Quant au nouveau Président, il n’est pas encore au bout de sa marche. D’autres épreuves l’attendent, tout aussi cruciales. L’élection n’est pas finie. Elle est à quatre tours et il en reste encore deux à venir.

Il faut à ce président hors-normes une majorité de gouvernement qui est loin d’être acquise. La recomposition politique qu’il appelle de ses vœux et sur laquelle il a tout misé ne va pas de soi. La fragmentation de la carte politique – En Marche, Les Républicains, les Insoumis, le parti socialiste ou ce qu’il en reste, le FN, sans parler de la masse des abstentions et des votes blancs qui ont atteint un niveau inégalé – complique la donne. Et la dureté de la campagne électorale ne préjuge pas d’un climat favorable à une cogestion du pays par la gauche et la droite rassemblées. Bref, une victoire et beaucoup d’incertitudes.