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Cinéma

Ouverture du Festival du cinéma israélien de Marseille

Xavier Nataf, le fondateur du festival, nous raconte son évolution depuis 18 ans et nous présente les films que découvriront les spectateurs du 14 au 20 juin.

 

L’Arche : Comment percevez-vous l’évolution du Festival depuis 18 ans ? Quelles furent les difficultés rencontrées ?

Xavier Nataf : Pour être tout à fait honnête, nous n’avons pas rencontré beaucoup de difficultés. Au contraire. Cela n’a été qu’une douce et longue évolution. Chaque année, nous accueillons un nombre croissant de spectateurs. Ce qui n’était qu’un projet au départ est rapidement devenu une réalité. Notre grande fierté se trouve non seulement dans la confirmation d’un succès mais aussi dans l’accueil d’un public très large. Un public de curieux qui essaye de comprendre Israël à travers sa cinématographie ou tout simplement d’amateurs de cinéma de qualité. Le cinéma israélien est de plus en plus apprécié pour sa qualité, son sens de l’innovation, son audace. Nous sommes aujourd’hui un des festivals cinématographiques qui comptent à Marseille. On est reconnus comme tels à la fois par les pouvoirs publics et les spectateurs. Au fur et à mesure des années, on a essayé plusieurs formules. Notamment des rendez-vous tout au long de l’année.

 

Tout ne se concentre donc pas sur la semaine de juin.

Non… sinon cela devient frustrant de devoir montrer le meilleur du cinéma israélien sur une semaine et d’attendre ensuite les 51 autres semaines. Des projections sont prévues tout au long de l’année, avec des avant-premières. D’autant plus que nous proposons toute une série d’activités. En plus des projections de films, il y a des rencontres, débats, master class… et des fêtes ! Car au mois de juin à Marseille, il aurait été difficile de le concevoir autrement.

 

Il y a donc également une mise en valeur de la ville de Marseille.

Oui, parce que c’est une ville plurielle, cosmopolite. Une ville un peu folle et que notre festival dispose de cette marque de fabrique. Les gens viennent comme ils sont, parlent comme ils sont. Les débats sont à l’image de cette ville, enflammés. Et ça finit après autour d’un pot.

 

Peut-on dire également que la qualité du cinéma israélien de ces dernières années a encouragé cette curiosité ?

Il se trouve que la qualité du cinéma israélien se confirme dans des dates proches de la création du festival. Depuis près de vingt ans. Il s’agit du premier festival du cinéma israélien en France. On a eu l’idée de le lancer au bon moment, aidés par la valeur toujours croissante de ce cinéma. On a eu la chance de pouvoir surfer sur cette évolution. On a vu émerger ceux qui sont aujourd’hui à l’affiche. Ceux qui ont commencé par des courts-métrages difficiles à monter et dont les longs-métrages sont aujourd’hui des références internationales.

 

Qui par exemple ?

Yaelle Kayam qui, cette année, a signé Mountain, un magnifique film avec Shani Klein sur une femme religieuse. On avait présenté son court-métrage il y a une dizaine d’années. Les Israéliens explorent tous les genres : cinéma d’auteur, comique, polar, science-fiction… Le nombre d’entrées pour les films israéliens en France est tout à fait honorable.

Qu’est-ce qui fait la marque de fabrique de ce cinéma ?

Un mélange savamment dosé d’intime et d’universel. D’autant plus que les films ne sont pas uniquement tournés à Tel Aviv ou Jérusalem, mais dans tout le pays. Comme récemment d’ailleurs avec Inertia d’Idan Haguel, à Haïfa, ou Tempête de sable d’Elite Zexer chez les Bédouins en plein désert. Ce film parle du combat des femmes pour leur liberté. Cela pourrait se dérouler sur n’importe quel continent. Les Israéliens ont aussi cette particularité d’être très directs, de ne pas prendre de détour pour raconter ce qui doit l’être. C’est lié à l’urgence d’écrire. C’est un cinéma sans concession. Ni pour sa société, ni pour lui-même. Cette année, on a eu la chance de voir Tikkoun, d’Avishai Sivan, qui est un des meilleurs films qu’on a vu ces dernières années. Le public religieux s’exprime de plus en plus par ce vecteur artistique. On constate également dans ce cinéma la place très importante des femmes.

 

À ce sujet, cela fera bientôt un an que Ronit Elkabetz nous a quittés. Elle qui fut l’emblème de la femme courageuse et battante, a-t-elle participé à certaines éditions du festival ?

Elle est venue quatre fois nous honorer de sa présence. Nous avons montré tous ses films. On a été très affectés par sa disparition au printemps dernier. On lui a rendu un hommage très appuyé pendant la 17e édition. Notre marraine Valérie Zenatti avait en partie accepté ce rôle l’année dernière car elle était très liée à Ronit, ayant traduit ses films. Elle nous manque beaucoup. Elle était effectivement la figure de proue du cinéma israélien. Mais il y en a tant d’autres aujourd’hui qui incarnent bien ce cinéma israélien, assurant sa continuité.

 

Le Festival, cette année, se déroulera-t-il dans les cinémas habituels ?

À Marseille, le Festival est programmé au cinéma Le César, qui est la salle historique où l’on a créé ce festival il y a 18 ans. Et au Prado, qui nous a rejoints il y a 5 ans. Le festival s’étend au-delà de Marseille, avec des projections au Mazarin à Aix-en-Provence, ce qui fut également le cas l’année dernière. La grande nouveauté de cette édition est la participation du cinéma Eden de La Ciotat. L’Eden est le plus vieux cinéma au monde ! C’est là où les Frères Lumière ont commencé à passer leurs films, dont le fameux Train entrant en gare de la Ciotat. Une belle synergie a été mise en place avec ce cinéma qui accueillera pour la première fois donc le Festival du cinéma israélien.

 

Qui sera le parrain de cette édition ?

Radu Mihaileanu. Il succède à Valérie Zenatti. Radu viendra transmettre son énergie, sa créativité, dans le but de soutenir le cinéma israélien. On l’a reçu plusieurs fois, notamment avec Judaïciné. C’est une belle collaboration qui se prépare.