Affaires étrangères : les premiers pas prometteurs du Président Macron.
A peine élu à la présidence de la République – et donc investi de la sacro-sainte fonction de chef des armées en vertu de la Constitution de 1958 – Emmanuel Macron aura été plongé dans le chaudron diplomatique, et cela au plus haut niveau.
Face à un Donald Trump proprement inconséquent et d’une angoissante imprévisibilité, l’élu français – presque deux fois plus jeune que son homologue américain ! – a tenu son rang à deux reprises, au sommet du G7 puis à celui de l’OTAN. Non seulement il a fermement insisté sur la nécessité du maintien de l’ouverture des frontières et du rejet du protectionnisme (devoir le rappeler à un président US, un comble !), mais encore a-t-il affirmé que la France jouerait son rôle de puissance de pointe en matière stratégique parmi ses alliés. Nombre d’observateurs ont pu sourire de la poignée de main endurante et virile donnée par Emmanuel Macron à Donald Trump ; celui-ci jouant une posture toujours très physique, il convenait de relever symboliquement ce défi et ce fut bien fait.
Mais c’est sûrement avec Vladimir Poutine que l’exercice était le plus délicat. Au cours de la campagne, le candidat Macron avait toujours courageusement tenu bon face à trois concurrents pro-Poutine dont au moins un littéralement acheté par Moscou. Au regard d’un vieux romantisme français pro-russe (parfaitement légitime sur le plan culturel), il s’agissait d’une gageure… Une fois au pouvoir, comment traiter le problème ? En refusant de recevoir le président russe élu, comme son prédécesseur l’avait maladroitement décidé ? Certes pas, et le chef de l’État français le recevrait même en un temps (bicentenaire d’une visite du Tsar Pierre le Grand à Paris) et en un lieu (les ors somptueux du Château de Versailles) prestigieux lui permettant de mieux… expliquer fermement à son vis-à-vis quelques usages diplomatiques en vigueur : pas d’annexion de territoire d’un État tiers (sans concertation), pas de soutien massif à un régime ultra-répressif employant des gaz de combat contre sa population civile, pas de soutien direct à des médias de propagande. À scruter le visage fermé de Vladimir Poutine lors de la conférence de presse et à l’écoute de son hôte, on comprenait que ce dernier ne l’avait guère épargné. En même temps (!), Emmanuel Macron a eu raison de rappeler qu’on ne pouvait ni ne devait exclure des débats la Russie, une grande puissance, tant sur la crise ukrainienne que sur l’affaire syrienne.
Si l’on ajoute à ces deux premières étapes réussies une rencontre bienvenue avec Theresa May – non pas sur le mode d’une inutile fermeture liée au Brexit (elle n’y était pas favorable elle-même !) mais sur celui d’une coopération sécuritaire et anti-terroriste renforcée –, le passage obligé et immédiatement accompli auprès de nos soldats déployés au Mali face aux barbares djihadistes, une rencontre semi-privée mais en réalité très officielle avec le roi Mohamed VI – souverain pragmatique et réfléchi d’un des seuls pays arabes à tenir et même à progresser –, on ne peut qu’accorder un satisfecit au nouveau président en matière d’affaires internationales.
Espérons qu’un vrai pragmatisme, la volonté de travailler à fond ses dossiers, et, last but not least, un anglais parfait (fait unique dans l’histoire des Républiques françaises !) éviteront à la France le ridicule de bouffonneries façon Chirac vociférant contre la sécurité israélienne à Jérusalem, ou le scandale de politiques archaïquement anglophobes et militaro-paternalistes telles que celle naguère entreprise par un Mitterrand au Rwanda.
Même le gouvernement – avec notamment à la tête du Quai d’Orsay le remarquable Jean-Yves Le Drian – et la nouvelle Assemblée – avec de véritables connaisseurs et/ou passionnés de géopolitique et de sécurité tels que Jean-Michel Fauvergues, et bien sûr Manuel Valls, nous incitent à l’optimisme. Gageons qu’ils relèveront le niveau et maintiendront l’honneur d’un hémicycle où des férus d’Assad et autres pro-dictateurs arabes figuraient et militaient jusqu’alors pour la plus grande honte de notre diplomatie…