Cagney by Cagney est le titre sobre de l’autobiographie choisi par l’acteur. James Cagney, retraité depuis un bon moment, décida de l’écrire pour une simple raison : tant de spécialistes attitrés continuaient à écrire des bêtises sur lui. S’y mêlent anecdotes sur son enfance et ses succès d’acteur à la hauteur de son mépris pour les paillettes et compliments déplacés. Bien qu’étant un des plus grands acteurs de tous les temps, il détestait le terme de « star » déclarant que « personne n’avait surnommé Michel-Ange un peintre star ». Il se livra donc à cet exercice en toute simplicité. Y mêlant poésie et philosophie. Moins dans le style que dans les choix éthiques. Un conseil de lecture pour tout prétendant au grand écran.
Pierre Desproges, contrairement à Cagney, a écrit, joué, fait danser ses pensées devant micros et caméras. Sans se gêner de dire ce qu’il pensait. Par contre, depuis près de 30 ans, rares sont ceux qui ne le citent pas à tort et à travers (l’auteur de ces lignes inclus). En particulier sa définition de l’humour. Alors, il était temps que par l’intermédiaire d’un livre, Desproges par Desproges, il réponde à nos prétentions d’interprétation et de représentation. 600 pages dont 80% inédites. Le tout orchestré par sa fille Perrine, que Pierre nous avait présenté dans un sketch sur la « polésie. »
Pourquoi demeure-t-il le plus grand humoriste français ? Parce qu’il avait bien plus que 600 pages à partager. 600 traversées. De voyages, de rencontres, de galères et de choses que les grands captent sans que le quidam puisse s’en apercevoir ou comprendre à la première écoute d’une phrase desprogienne. Ces pages de nombreuses lectures que l’humoriste avait tournées depuis bien longtemps, fier d’être « prems en français » et se qualifiant d’ « écriveur » plutôt qu’écrivain.
Lettres, photos, textes inédits. Comme disait Michel Serrault au sujet de Pierre Brasseur, « un mot de trop de sa part ne m’aurait pas dérangé ». On ne boudera pas notre plaisir. La sobriété n’est pas requise donc. Et il n’y a pas de nostalgie débordante à exprimer, juste à mieux comprendre comment un homme a su arriver à un tel niveau dans tant d’expressions artistiques et littéraires différentes. Mais puisqu’il n’est pas bon de ne trouver aucun défaut, on peut difficilement qualifier ses dessins inclus dans son almanach de chef d’œuvres.
C’est justement un très beau recueil de dessins que partage Romain Duris. Oui, un des plus grands acteurs français nous livre dans Pulp des années de dessins où se démêle ce qui peut traverser un acteur dont les limites sont peu palpables contrairement aux désirs et vécus de l’artiste Duris.
Il voyage avec Crumb, Reiser et Topor, le temps que ses personnages dévorent la vie ou soit dévoré de remords par ce qu’ils n’ont pas su accepter d’elle. Duris parle en toute langue à l’origine du monde en prenant le vent sur sa Harley. Soif de liberté avec un regard optimiste sur ce qui attend l’humanité si elle pratique le meilleur mode de voyage interstellaire dans une fusée shortbusienne. Pulp est un recueil d’une grande beauté et qui permettra bien plus que mes mots de comprendre Duris par Duris.