La commémoration de l’attentat de Pittsburg  |  Israël terre de tourisme !  |  Le monde change. L’Arche aussi. L’édito de Paule-Henriette Lévy  | 

FRANCIS KALIFAT : « la paix et la reconnaissance de la vérité historique »

Entretien avec le Président du Crif avant la tenue de la Convention nationale annuelle.

L’Arche : Le Crif a réagi à la déclaration de Trump sur Jérusalem et invité la France à en faire autant. Y a-t-il eu une réaction française.

Francis Kalifat : Le Crif a réagi rapidement après la déclaration de Donald Trump, en prenant acte de la décision américaine, en rappelant que c’était une évidence pour les Juifs du monde entier et la meilleure des réponses aux tentatives de falsification historique menée inlassablement par les pays arabes et les Palestiniens à l’Unesco et à l’ONU sur le statut de Jérusalem. J’ai par ailleurs invité le Président Emmanuel Macron à engager notre pays dans la même démarche.

Le Président de la République a déclaré depuis l’Algérie, où il se trouvait, « que la décision était regrettable et que la France n’approuvait pas ».

J’ai rencontré Christophe Castaner, le porte-parole du Gouvernement le soir même et je lui ai expliqué la position du Crif. Il m’a répété la position de la France.

Je lui ai aussi rappelé la deuxième partie de notre communiqué, à savoir que « la paix entre Israéliens et Palestiniens ne peut se bâtir sans reconnaissance de la vérité historique » et que nous espérons que cette démarche permettra la relance d’un dialogue sincère pour arriver à la paix.

Le Président de la République recevra Benjamin Netanyahu dimanche pour une réunion de travail. Nous verrons ce qui en sort.

L’Arche : Pour la 8ème Convention nationale du Crif qui se tient le 10 décembre au Palais des Congrès à Paris, quel thème avez-vous choisi cette année?

F.K : La 8ème Convention nationale du Crif a pour titre « Tous citoyens ». Elle va amener les 80 personnes que nous avons invitées à intervenir dans les différentes conférences, tables-rondes, ateliers, déjeuners-débats et séances plénières à réfléchir sur la condition de citoyens en France aujourd’hui. Les Juifs en ont une longue expérience et se sont souvent battus pour qu’elle puisse avoir toute sa signification. J’aime rappeler le mot rapporté par Levinas à propos de son père : «Un pays où l’on se déchire pour le sort d’un petit capitaine juif est un pays où il faut se dépêcher de se rendre !».

Les Juifs ont toujours été des défenseurs ardents de la citoyenneté française. Nous savons que les principes républicains forment le ciment d’une société apaisée.

A une époque où la citoyenneté est mise en brèche par certaines composantes de la population, où des députés soutiennent des thèses d’exclusion dans la société française ou des principes communautaristes qui ne font pas partie des principes de la République française, nous souhaitons inviter à réfléchir aux fondements qui définissent la citoyenneté française et aux exemples qui les justifient.

L’Arche : Gérard Collomb sera l’un des invités de la Convention et prendra la parole dans la séance de clôture, comme l’a fait l’an dernier Bernard Cazeneuve. Il est en poste depuis six mois. Quel jugement portez-vous sur son action?

F.K : Il ne m’appartient pas de juger l’action d’un Ministre, je peux à la rigueur l’analyser et la commenter. J’ai rencontré Gérard Collomb à plusieurs reprises depuis sa prise de fonction. Il a toujours montré une attention particulière à la préoccupation et aux inquiétudes des Français juifs notamment en matière de sécurité. Nous avons eu l’occasion de discuter de l’assassinat de Sarah Halimi, de l’agression contre Roger Pinto et sa famille, et d’autres sujets de préoccupation du Crif.

Gérard Collomb est confronté au quotidien aux risques terroristes contre les Français ; il a présenté et défendu avec force à l’Assemblée nationale le projet de loi sur la sécurité.

Dans le cadre des nouvelles dispositions de sécurité, il a récemment fait évoluer les conditions de l’opération Sentinelle. Lorsque je le verrai à la convention, j’aurai l’occasion de l’interroger sur ces nouvelles dispositions.

L’Arche : Qu’attendez-vous du discours d’Emmanuel Macron sur la laïcité et des mesures concrètes qu’il s’apprête à faire, semble-t-il, notamment sur l’école?

F.K : Le Crif a toujours exprimé son attachement à la laïcité dans le cadre de la loi de 1905 sur la laïcité. La laïcité est un des fondements de notre République ; elle doit être enseignée depuis le plus jeune âge à l’école.

La laïcité ne peut pas rester au niveau d’un concept. C’est un principe fort de vivre-ensemble qui doit faire partie du quotidien, notamment à l’école dès la petite enfance.