Les violentes injures antisémites lancées samedi par des « gilets jaunes » contre le philosophe Alain Finkielkraut ont suscité ce week-end une vague de condamnations, avant des rassemblements mardi à Paris et Lyon contre l’antisémitisme, à l’appel de 14 partis politiques.
« Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne le tolèrerons pas », a réagi dès samedi le président Emmanuel Macron.
C’était « un déferlement de haine à l’état pur », a décrit le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner », son secrétaire d’État Laurent Nuñez parlant dimanche d' »images terriblement choquantes ».
« Grosse merde sioniste », « nous sommes le peuple », « la France elle est à nous »: les images diffusées ce week-end sur internet et en boucle sur les chaines d’information montrent des manifestants insultant l’académicien croisé près de son domicile à Paris. « J’ai ressenti une haine absolue », a raconté le philosophe au Journal du dimanche.
Cette agression verbale a été condamnée par la classe politique.
A droite, Laurent Wauquiez (LR) a dénoncé « d’abjects crétins », la chef d’extrême droite Marine Le Pen « un acte détestable et choquant » commis, selon elle, par « des militants d’extrême gauche ». Et Nicolas Dupont-Aignant (DlF) la « haine » d’un « islamo-gauchisme qu’on a laissé s’installer », sur France 3.
A gauche, pour l’ancien président François Hollande, « la multiplication des actes antisémites signe une période de régression, indigne de notre pays ».
Face à l’augmentation de 74 % des actes antisémites en 2018, avec encore récemment de nouvelles dégradations dont la découverte d’une croix gammée barrant le visage de Simone Veil, 14 partis politiques, dont le Parti socialiste, La République en marche, Les Républicains, rejoint depuis par LFI, ont invité les Français à se réunir mardi partout en France, notamment place de la République à Paris, pour dire « Non à l’antisémitisme ». Le RN a lui dit soutenir « toutes initiatives », déplorant de ne pas avoir été associé.
Ariel Goldmann, président du FSJU, a déclaré sur son compte twitter : « On ne peut pas à la fois se plaindre quand personne ne dit rien et être absent quand 14 partis républicains de France se mobilisent contre l’Antisémitisme ! Donc bien entendu j’y serai et soyons très nombreux pour dire ça suffit. »
Interrogé dans la soirée sur BFMTV, Alain Finkielkraut, a dit ne pas être certain de s’y rendre. « Si on nous refait le coup du retour des années 30, alors non je n’en suis pas », a-t-il dit, refusant tout parallèle entre la situation actuelle et « l’antisémitisme de Vichy ».
Pour Bernard-Henri Lévy : « Oui, les mots du Président de la République et des chefs de parti sont réconfortants. Sont-ils à la hauteur de l’affront? La France ouvre-t-elle enfin les yeux? Est-on prêt, ensemble, à affronter l’ antisémitisme métamorphosé mais toujours aussi criminel? C’est la question. »
Avant le dîner annuel en présence d’Emmanuel Macron, le président du CRIF, Francis Kalifat, a également appelé « les Français » à « prendre l’occasion de ce rassemblement pour donner le point de départ » à un « sursaut national ».
Avec AFP