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Cinéma

Spécial Cannes : VERSUS, un premier long métrage de François Valla

Rendre esthétique une scène de violence extrême pourra en choquer certains, mais le photographe James Natchwey a démontré que l’horreur de la guerre pouvait s’admirer comme une oeuvre d’art. Ce n’est pas une provocation, François Valla a clairement décidé de prendre le parti d’inverser sons, images, et préjugés. La première séquence nous révèle l’histoire banale et malheureuse d’un jeune homme bourgeois qui se fait tabasser par une bande de jeunes dans un bus. Mais personne ne peut imaginer la suite, la naissance d’un petit bourgeois devenu serial killer.

Achille part se reconstruire au bord de la Med dans la villa de sa tante où il rencontre quelques jeunes filles séduisantes. Alors qu’il doit reprendre gout à la vie, il est obsédé par la mort. Il croise Brian, un père adolescent en colère. Achille est étrangement fasciné par ce personnage qui ressemble au profil de ceux qui l’ont violenté.  A l’âge où l’on souhaite conquérir le monde, on assiste à la révélation silencieuse d’un adoclescent épris d’une soif de tuer. François Valla nous interroge sur notre animalité, nos préjugés, et notre rapport aux autres.

Un silence imposé, un montage singulier nous plonge dans la folie du personnage. L’image souvent figée nous emmène vers l’angoisse d’un thriller réussi. Ce premier long métrage propose une écriture d’un nouveau genre. Son réalisateur audacieux a fait le choix de mettre l’esthétisme au service de son histoire. Chaque image est très réfléchie. Aux allures de publicité, elles ne font que donner plus de sens au scenario.

« Il faut savoir détruire pour être au service de son histoire, absorber l’approprié. Faire de l’art, c’est une façon de créer sa vie. Je suis parti d’un fait divers qui m’a saisi. J’ai eu envie de ne pas avoir un concept. J’ai travaillé de façon souple, sans story board, sans découpage, sous forme de bloc. Je me suis accordé de la liberté malgré les 6 ans de travail passés sur ce film. Le son a beaucoup pris du temps. J’ai d’abord rempli à l’excès puis j’ai gommé au fur et à mesure pour donner une musicalité et un rythme », explique François Valla, dans une interview pour l’Arche Magazine. « Pour la naissance du serial killer, j’ai collaboré avec ma sœur qui est scénariste. Nous avons voulu aborder des questions essentielles ; comment l’Homme vit avec les autres ? Comment devient-on un homme ? Quelle vie se construit-on ? Les deux personnages ont des trajectoires totalement opposées. Achille est celui qui part en apparence avec le plus dans la vie mais en réalité, il a besoin d’être aimé pour construire sa vie », poursuit le réalisateur de Versus.

Au  cinéma le 8 Mai
Interdit au moins de 12 ans