À l’heure ou l’isolationnisme refait surface et où la résurgence des déterminismes sociaux et religieux tend à diviser les populations, un homme porte un message d’espoir et de paix. Cet homme, c’est Chemi Peres, fils de l’ancien Président Shimon Peres.
L’Arche : Quel a été votre parcours ?
Chemi Peres : Je suis cofondateur et partenaire associé de Pitango, fonds de capital-risque leader en Israël depuis près de 25 ans. Je suis également président du Peres Centre for Peace and Innovation, crée en 1996 par mon père, ancien Président de l’État d’Israël, dédié à la promotion de l’innovation comme vecteur de paix et de lien social, aux moyens de nombreux projets et l’ouverture du Centre israélien de l’innovation.
Aujourd’hui, vous êtes président du Peres Center for Peace and Innovation, quand l’avez-vous créé et dans quelle démarche ?
L’idée de créer ce centre a émergé sur la base d’un constat fait par mon père au lendemain des accords d’Oslo : la paix ne pouvait pas uniquement reposer sur les décisions de leaders politiques et diplomatiques mais nécessitait l’implication des populations. Notre intention a alors été de privatiser la marche vers la paix en la plaçant entre les mains de ses principaux acteurs, les citoyens. La création du Peres Center for Peace and Innovation était alors un moyen efficace de travailler sur ces notions de coexistence et de partage en réunissant des jeunes de tous horizons portés par des ambitions, des valeurs et des projets communs au travers de l’innovation.
Quelles sont les différentes activités organisées par le Centre ?
Nous avons par exemple contribué à la formation de 250 étudiants palestiniens médecins au sein d’hôpitaux israéliens, ou encore organisé des compétitions sportives mêlant des jeunes d’origines, de croyances et de cultures différentes. En matière d’innovation, nous avons porté un projet qui permet à des jeunes arabes et juifs de se réunir pour entreprendre ensemble au sein d’un incubateur dédié.
De quelle manière innovation et paix sont-elles interconnectées et comment voyez-vous le rôle du Centre dans le processus de paix ?
L’humanité s’est construite en se battant pour les ressources élémentaires. Aujourd’hui, nous entrons dans une nouvelle aire, où toutes ces ressources ont été rendues accessibles en Israël. Notre nouvelle bataille est une bataille pour la paix, qui est davantage une bataille cérébrale. À travers l’innovation, la population a la possibilité d’exprimer son pouvoir par la force des idées, de manière totalement pacifique. Pour conquérir l’innovation, nous avons besoin d’investir : dans la recherche, dans l’éducation et l’entrepreneuriat. Plus le monde sera innovant, plus il sera en capacité de répondre aux besoins vitaux et élémentaires de sa population. Ainsi pour la nouvelle génération, l’innovation ne sera plus motivée par la nécessité mais par des valeurs et des objectifs communs.
Le Peres Center for Innovation and Peace a ouvert ses portes au grand public l’an dernier. À quelle expérience un visiteur peut-il s’attendre ?
Le Centre, situé à Yaffo, accueille plus de 100 000 visiteurs par an. Une galerie « Inspiration » présente les innovations majeures apportées par Israël et l’impact des technologies israéliennes dans le quotidien de millions de personnes. Ensuite, dans une galerie « hologrammes », vous pourrez interagir avec les hologrammes de 12 innovateurs et entrepreneurs aux origines et aux parcours variés. Puis, une galerie « Shimon Peres », dans laquelle le bureau de mon père est reconstitué, relate sa vision sur l’innovation et son lien indéfectible avec l’évolution du pays. Enfin, une dernière galerie vous fera découvrir la chronologie des différents cycles d’innovation rencontrés.
En définitive, j’ai deux chapeaux sur la même tête: la tête, c’est l’innovation. Un chapeau, le Centre, la rejoint à travers la coexistence et le partage, l’autre chapeau, Pitango, par la création d’impacts positifs sur le monde.