Le Musée d’Israël, grand musée d’art et d’archéologie à Jérusalem, a franchi un nouveau pas. En dépit des confinements à répétition, de la fermeture des institutions culturelles, des innombrables quarantaines, l’art n’est pas passé à la trappe. L’exposition de sculptures contemporaines programmée pour la rentrée a effectivement investi les lieux, et le vernissage, son moment culminant, s’est tenu… par Zoom !
Pour le directeur du musée, Ido Bruno, l’art et la culture s’avèrent d’autant plus essentiels en cette période de troubles. L’éminente institution répond ainsi à ses obligations en perpétuant le renouvellement artistique dans la capitale.
À l’heure du rendez-vous, les têtes des participants se sont serrées sur l’écran, s’agitant asynchrones sur le damier zoom. On estime à 2400 le nombre de participants au vernissage – évènement qu’il est d’ailleurs possible de revoir sur la page Facebook du musée (discours et conversations en hébreu). Dans la salle principale de l’exposition, installés dans des fauteuils et entourés de quelques caméras, le directeur du musée, l’artiste Inbal Hoffman et la commissaire de l’exposition ont présenté dans le détail les œuvres conceptuelles.
L’exposition s’articule autour du thème de l’entretien du foyer. Le marathon journalier des adultes qui élèvent des enfants, ces milles petites choses à faire liées à l’organisation ou à la propreté de la maison, est vu ici à travers l’œil d’une mère de deux enfants ; la jeune femme qui prétend avec ironie incarner le « rêve bourgeois » de la famille modèle, et qui ne trouve finalement le repos qu’à son atelier.
Les installations d’Inbal Hoffman se composent de matériaux empruntés à cet univers de l’entretien ménager. « Un regard optimiste qui en a tiré une grande beauté », pour reprendre les mots de la commissaire de l’exposition, Shua Ben Ari. Accumulés, détournés de leur fonction initiale, ces objets de la laborieuse saga quotidienne se subliment dans des sculptures montant quasi jusqu’au plafond.
C’est un hasard si cette exposition, liée à la vie domestique, s’ouvre dans une période où l’on se trouve tous plus ou moins confinés chez soi. Sa programmation remonte bien avant la pandémie. Le musée de Jérusalem avait toutefois prévu d’installer le travail de l’artiste dans la Maison Ticho. Cette maison historique, administrée par le musée national, abrite les œuvres d’Anna Ticho, peintre et femme de l’ophtalmologiste du même nom ; à sa mort, elle avait légué leur bien à la ville de Jérusalem.
La vidéo du vernissage ne nous montre que de brèves images des œuvres ; les responsables de l’exposition ont souhaité aiguiser la curiosité des spectateurs sans toutefois l’assouvir. La commissaire de l’exposition rappelle d’ailleurs qu’étant des installations, il reste difficile de les apprécier pleinement à travers des photographies. « Tous ces moments de travail intense en vue de l’ouverture, et nous étions seuls au vernissage, c’était bizarre », commente-t-elle. Dans l’attente d’annonces du gouvernement, la date de réouverture du musée demeure encore inconnue. Les amateurs et spécialistes d’art ont tout de même pu profiter d’une longue interview avec la sculptrice et entendre les détails de sa pratique artistique.
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