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Entretien Armand Sibony fondateur à la Fondation du Judaïsme Français

Janet et Armand Sibony, fondateurs de la Fondation Janet et Armand Sibony pour l'Education sous l'égide de la Fondation du Judaïsme Français

« L’expérience internationale donne une autre dimension à une carrière »Depuis 2014, Armand Sibony et son épouse Janet soutiennent, à travers leur fondation, des projets de très haut niveau en matière d’éducation

 

Est-ce que votre fondation porte uniquement le nom de ses fondateurs ?

Non, elle porte nos noms, Janet et Armand Sibony, mais nous avons ajouté sa vocation première : « Pour l’éducation »

 

Quand et pourquoi avoir décidé de faire une fondation ?

Nous pensions depuis de longues années à ce projet. Moi-même, j’ai pu bénéficier lors de mes études à Sciences Po d’une bourse d’une fondation me permettant de me loger et d’étudier. Notre fondation a été créée afin de donner ce que nous avons reçu !

Aider un étudiant brillant à étudier en sérénité.

Il y a huit ans, mon épouse et moi-même, avons créé cette fondation : Pour l’éducation et notamment pour l’éducation de haut niveau.

 

Parce que vous voulez une philanthropie active, où l’on ne se contente pas de signer des chèques, mais où on accompagne des projets.

Absolument.

Il y a, au sein de la Fondation du Judaïsme Français de nombreux talents et une grande générosité, notamment dans le domaine de l’éducation.

Mais en raison de mon propre parcours, je pense que l’expérience internationale donne une autre dimension à une carrière.

L’objectif premier est de réaliser la transmission : d’où l’importance pour nous, d’aider nos jeunes financièrement durant leur parcours.

 

Comment choisissez-vous ces jeunes gens ?

Doivent-ils faire acte de candidature ?

Ce n’est pas aussi formel.

  • Le premier a été un jeune mathématicien.

Il est venu me voir dans l’espoir d’étudier à Stanford auprès d’une sommité en mathématique dans le domaine de deep learning utilisée dans le domaine de l’intelligence artificielle.

A son retour, il a souhaité passer un doctorat en mathématique.

A la fin de ses études, je l’ai assisté et conseillé pour développer une start up dans le domaine de l’intelligence artificielle.

  • Une autre expérience concerne des étudiants de l’école d’ingénieurs de Beer-Sheva en Israël.

Beer-Sheva est dans un désert. Et dans ce désert, une équipe a réussi à installer un superbe campus qui accueille cinq mille étudiants en sciences.

C’est un college au sens américain du terme, qui ne délivre pas de Phd.

A l’issue de notre visite dans ce campus, nous sommes convenus d’accorder des bourses à des étudiants du college, afin de les aider à acquérir une expérience internationale.

Et nous avons financé leurs stages aux Etats -Unis.

  • J’ai également contribué à un séminaire sur les transferts de technologie vers l’entreprise.

La troisième expérience m’a démontré que parfois de jeunes ingénieurs, sortant d’une bonne école sont indécis sur leurs choix de carrière.

Nous les avons orientés vers une spécialisation d’une année à l’Israel Tech Challenge.

En une année, avec des méthodes qui viennent de l’armée israélienne en matière de formation, on leur donne une spécialisation informatique dans les sciences des données ou la sécurité informatique.

En une année, ils ont gagné en assurance personnelle.

 

Est-ce qu’ensuite il y a une sorte de passage de témoin, de transmission ?

Bien sûr.

Ceux que nous avons aidés nous présentent leurs amis.

Par ailleurs, je travaille avec deux startups fondées par ces jeunes scientifiques.

J’ai dirigé un fonds d’investissement, j’ai une certaine expérience dans le développement de start up, j’essaie d’en faire profiter nos étudiants.

 

Vous insistez sur le fait que votre fondation « vise l’excellence » …

L’excellence est un moyen de gagner en confiance et de réaliser au mieux son projet personnel.

Dans le projet d’excellence je citerai la préparation EMC2, qui signifie « Enseignement des Mathématiques Compatible Chabbat ».

Une jeune polytechnicienne, Isabelle et un professeur de mathématiques m’ont contacté, ils m’ont fait part de leur souhait de donner la possibilité à de jeunes étudiants respectant le shabbat à préparer les concours des grandes écoles scientifiques.

Je cite Isabelle : « j’aime mon peuple et je veux qu’on continue à former une grande élite scientifique ».

La classe prépa a été créée et a déjà d’excellents résultats.

 

Avez-vous le sentiment, avec cette fondation, de vous inscrire dans une tradition juive de philanthropie ?

L’étude est consubstantielle au judaïsme. La valeur de justice est également permanente. Le concept de Tsedaka a pour racine « tsedek » justice.

Parmi nos contemporains, Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour Suprême des Etats-Unis, décédée en 2020, mettait en avant le verset biblique : « Tsedek, tsedek, tirdof », « Justice, justice, tu poursuivras ».

Apporter une aide pour l’étude, c’est rendre simplement la justice.

 

C’est donc votre conception de la philanthropie.

Pour moi la philanthropie est une manière de rendre ce que la chance et le travail nous ont permis de réaliser.

Mais je réalise, aujourd’hui, avec nos boursiers que nous recevons plus que nous ne donnons.

La philanthropie est un sujet difficile, passionnant, nécessaire et inscrit dans l’esprit du judaïsme.