Non Anna, contrairement à ce que tu dis dans ce livre, le Jardin des Tuileries ne peut être à l’autre bout de Paris, peu importe où tu habites, étant donné que ce jardin se trouve au centre de la ville. Mais pour Anna, ces considérations géométriques flattant des notions gardées précieusement depuis le collège n’ont aucune importance. Car au centre de sa vie se trouve depuis huit ans son fils, Noé, dont Sandra Kollender présente l’évolution dans La Tête à Toto. Lequel se trouve à la périphérie de la plupart des interlocuteurs rencontrés, de cabinet médical à école maternelle, en passant par autres non comprenant de la vie courante. Noé est atteint du syndrome de West.
Lorsqu’on est parent, on est obligé de recentrer son « essentiel » sur la nouvelle personne qui n’a pas demandé à venir au monde, se satisfaisant d’être un atome flottant entre un espace de frottement charnel potentiel. Mais quelques secondes de bonheur bouleversent son quotidien et le transforment en être vivant. Et Noé en a à revendre de la vie, de l’enthousiasme, de la sagesse malgré son petit âge et les faibles attentes des interlocuteurs. Mais à force de travail, de coups de bélier et de fausse misanthropie, Anna domine ses peurs et surtout celles des autres. Son petit homme la force, nous force à devenir meilleur. Comédienne de profession, Sandra Kollender raconte ces moments personnels dans ce roman autobiographique.
Dans une société qui va de plus en plus vite, qui se fatigue à communiquer sur ses activités supposées, qui s’efforce à demander à tout employé rémunéré de porter des casquettes trop grandes et de priser des fonctions multiples tel cet employé d’école que l’on charge entre la cantine et la sortie de consacrer un petit moment à Noé. La notion de temps est chère et rare. C’est finalement en Israël, au centre Feuerstein qu’on apprend à Noé à développer ses points forts pour qu’ils fassent peur à ses faiblesses. Plusieurs années consacrées à rattraper les craintes d’autrui qui vous perdent. Ce livre présente un langage vif, percutant et sincère sans lamentations inutiles. Il nous aide à dépasser cet handicap qui nous empêche parfois de trouver le jardin de chacun et ce qu’il peut y cultiver.