C’était le scénario que les Israéliens ne voulaient envisager tant l’assassinat de Mohammad Abou Khdeir, brûlé vif à 16 ans, est abjecte. Ce sont pourtant trois extrémistes juifs qui ont avoué son meurtre. Ils sont soupçonnés par la police d’appartenir à une organisation terroriste, d’enlèvement, d’homicide sur mineur, de possession illégale d’armes et de crime pour motif nationaliste.
L’annonce de leur arrestation et leurs aveux ont plongé la société israélienne dans un profond désarroi, d’autant que ce drame découle directement de l’assassinat des trois adolescents israéliens enlevés et exécutés en Cisjordanie en juin dernier. Le Président Shimon Peres et le Premier ministre Benjamin Netanyahu ont téléphoné au père de la victime pour exprimer leur « honte » et leur « indignation » face à ce « meurtre abominable ».
Cette « représailles » illustre le trop faible combat que mène Israël depuis des années contre un démon de l’intérieur, la violence nationaliste. Pour l’éditorialiste du Maariv, ce « meurtre diabolique est le cauchemar du Shin Beth, un scénario dans lequel le conflit israélo-palestinien se transforme en lutte interethnique entre deux communautés, guidée par la loi biblique du Talion ». Aujourd’hui deux groupuscules sont pointés du doigt par les médias, « La Familia », groupuscule de supporters d’extrême droite du club de foot Betar Jérusalem, connus pour leur racisme, et l’organisation « Lehava » qui bataille notamment contre les mariages mixtes, et en particulier avec les Arabes.
Sur les réseaux sociaux, ces organisations et leurs militants sont bien visibles. Ce n’est pas le cas en revanche des activistes des implantations ou des Juifs ultra-orthodoxes appartenant à des mouvances souterraines, tel le mouvement des « Jeunes des Collines », jeunes radicaux qui font régulièrement parler d’eux dans des agressions anti-arabes signées du slogan « Le prix à payer ».
Depuis des mois plusieurs ministres et anciens chef du renseignement demandent, en vain, que les auteurs de ces actes soient considérés comme des « terroristes » et non comme de simples militants « d’organisations illégales ».