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Israël

Les résidents du Sud ne rentrent pas chez eux

Nahal Oz, Kfar Aza, Nirim, Ein Hashlosha, Nir Oz… quelques kibboutz dans le voisinage immédiat de la frontière avec la Bande de Gaza. Depuis près d’un mois, ces agglomérations de quelques centaines de personnes se sont transformées en villages fantômes. Quelques résidents y sont restés en dépit des tirs ; mais la plupart, notamment les femmes et les enfants, se sont réfugiés vers l’intérieur et le nord du pays, dans des régions épargnées par les obus et les roquettes. Ce sont les soldats de Tsahal qui ont établi leurs campements dans les bâtiments vides.

Depuis mardi matin 8 heures, les factions palestiniennes à Gaza et Tsahal respectent le cessez-le-feu de 72 heures, proposé par l’Egypte. Mercredi après-midi, une délégation israélienne s’est déplacée au Caire afin de négocier un cessez-le-feu permanent. Les soldats israéliens se sont quant à eux retirés de la Bande côtière et 30 000 réservistes ont été relaxés. Tsahal a annoncé qu’elle était parvenue à détruire tous les tunnels dont elle avait connaissance. L’armée a fait savoir aux populations du pourtour de la Bande de Gaza qu’il était désormais sûr de se diriger vers leurs foyers.

Pour autant, les populations concernées ne rentrent pas chez elles. Notamment les familles appartenant aux communautés situées à moins de 4 kilomètres de la frontière. Mardi en début de soirée, à Jérusalem, ces Israéliens du Sud ont manifesté devant la Knesset à Jérusalem. Ils estiment que le gouvernement a pris la décision de cesser l’opération Bordure Protectrice en ne leur laissant aucune garantie de calme et de sécurité.

Ils craignent, d’une part, la poursuite des tirs, mais surtout, ils ne sont pas convaincus que l’armée ait détruit tous les tunnels du Hamas. Ces passages souterrains constituent pour les familles une menace effrayante. Israël, père de deux enfants, explique : « Avant l’opération Bordure Protectrice, l’armée n’avait connaissance que de l’existence de quelques tunnels ; les dirigeants ne savaient pas qu’il y en avait autant ; il se peut qu’il y ait encore d’autres choses qu’ils ignorent. » Il illustre ses propos : « Le matin de l’incursion par le tunnel à Nahal Oz (le 28 juillet, une attaque qui a engendré la mort de cinq soldats), Tsahal avait déclaré que la zone avait été nettoyée de ses tunnels. »

Pour Rotem, du kibboutz Nirim, « s’il existe des alertes pour les chutes d’obus et de roquettes, rien n’annonce l’incursion potentielle de terroristes ; nous pouvons nous mettre à l’abri des tirs, mais comment se protéger des tunnels ? ».

D’autres Israéliens à proximité de la frontière ne font pas confiance dans le cessez-le-feu. Une résidente du Kibboutz Kfar Aza : « Il y a quelques semaines, ils ont annoncé un cessez-le-feu humanitaire, et nous sommes retournés au kibboutz ; non seulement, les tirs n’ont pas cessé, mais ils se sont accrus. »

Après les opérations Plomb Durci (décembre 2008 – janvier 2009) et Pilier de Défense (novembre 2012), les résidents du Sud du pays n’attendent pas seulement de Bordure Protectrice (juillet 2014, non achevée), un retour au calme temporaire d’un an ou deux. Les membres de ces communautés désirent vivre dans une tranquillité durable. De ce dernier conflit, nombre attendait l’annihilation du Hamas. « Qu’ils aillent jusqu’au bout… », a-t-on pu entendre. A l’instar d’une majorité de la population israélienne, ils estiment que le gouvernement et l’armée n’ont que partiellement atteint leurs objectifs.