Deux expositions dédiées au royaume chérifien s’ouvrent cet automne à Paris, alors même que les relations diplomatiques entre la France et le Maroc sont particulièrement tendues.
Au Louvre, le Maroc médiéval. A l’Institut du Monde Arabe, le Maroc contemporain. D’un côté un voyage au cœur de l’Occident islamique à son apogée culturel et politique entre la fin du VIIIe siècle et la fin du XVe, de l’autre un panorama de la scène marocaine actuelle.
Ces deux évènements mettent un point d’honneur à montrer comment une certaine ouverture religieuse et intellectuelle s’inscrit dans la tradition marocaine. Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées marocains, coorganisatrice de l’exposition avec le Louvre, évoque ainsi « la brillante période durant laquelle Musulmans, Juifs et Chrétiens ont œuvré ensemble à l’avènement d’un véritable âge d’or ». L’expo du Louvre parcourt l’histoire des grandes dynasties arabo-berbères, tels les Almoravides et les Almohades, qui ont unifié un immense territoire du Mali à l’Andalousie et développé les villes de Fès, Cordoue, Séville, Marrakech ou Rabat. Des pièces exceptionnelles ont été prêtées pour l’occasion, notamment de somptueux Corans calligraphiés et enluminés, une chasuble de prêtre en soie fabriquée à Almeria ou encore un manuscrit de la Mishne Tora de Maïmonide, né à Cordoue et qui vécut à Fès avant de s’exiler en Egypte.
Autre atmosphère à l’Institut du Monde Arabe où sont exposés quatre-vingt créateurs contemporains et autant de visions du corps, de la religion et du Printemps arabe. Des artistes très divers qui pour beaucoup revisitent les techniques traditionnelles. « Il y a une exception marocaine par sa créativité, son effervescence, son bouillonnement », dit Jack Lang, président de l’IMA. Pour Jean-Hubert Martin, l’un des commissaires de l’exposition, « la scène artistique marocaine est l’une des plus ouvertes de la région même s’il n’y a pas d’œuvres provocatrices », les artistes jouant plutôt sur la « subtilité et l’humour ».
Un pays mis à l’honneur alors que les relations entre Paris et Rabat sont extrêmement tendues depuis le mois de février dernier et le dépôt d’une plainte pour torture déposée en France à l’encontre de hauts responsables marocains, notamment le patron du contre-espionnage.
Maroc médiéval, au Musée du Louvre jusqu’au 19 janvier
Maroc contemporain, à l’IMA jusqu’au 15 janvier