Souccot, la fête des cabanes, des tentes ou des tabernacles rappelle la protection que, selon la Torah, l’Eternel accorda pendant quarante ans aux enfants d’Israël depuis leur sortie d’Egypte jusqu’à leur arrivée en Terre promise.
Cette « protection » prend aujourd’hui des formes diverses, selon les moyens et les lieux où elle est installée mais feuillages et branchages doivent continuer à figurer un toit fragile pour laisser voir les étoiles. Si la prescription de prendre ses repas durant une semaine sous cette construction éphémère peut aller de soi sous des latitudes ensoleillées, la chose ne paraît pas si évidente dans certains pays qui connaissent en octobre l’arrivée du froid et de la pluie. Comme la France ces jours-ci… « C’est une jolie fête en théorie. Mais c’est une fête méditerranéenne, et cette année, pas chez nous, le changement de temps ne lui est pas très favorables », plaisante ainsi le rabbin Yeshaya Dalsace.
Mais puisque Souccot est une fête joyeuse, chacun se plie aux contraintes météorologiques ou urbaines pour faire perdurer la tradition. Hormis les grandes souccot installées dans les cours de synagogues ou centres communautaires, le mouvement hassidique loubavitch a trouvé la parade en promenant dans Paris une « soucca mobile », invitant ses fidèles à venir réciter la bénédiction sur le faisceau de plantes tressées, le loulav. La synagogue de la rue Copernic a pour sa part monté une cabane sur son toit, proposant aux collégiens et lycéens, juifs et non juifs, à venir s’y rendre. « La soucca n’a pas de porte, elle est symbole d’ouverture. Et durant cette fête, nous avons aussi un regard plus fort sur la précarité, sur ceux qui sont sans domicile fixe », explique Bertrand Granat, l’intendant général de l’Union libérale israélite de France, basée rue Copernic.
C’est dans cet esprit d’union vers la société que l’UEJF (Union des Etudiants Juifs de France) mène depuis plusieurs années l’opération « Souccot expliqué à nos potes ». La section locale de Nice a ainsi invité dimanche 12 octobre des dizaines de jeunes à « venir manger sous la soucca ». Dans ce même esprit, et le même jour, la grande synagogue de Sarcelles a largement ouvert aux membres d’associations locales non juives la soucca installée dans son enceinte. Trois mois après les violences antisémites qui avaient marqué les manifestations pro-Gaza interdites dans la ville, le symbole se passe de commentaire.