Robyn Orlin est une chorégraphe et performeuse sud-africaine, surnommée “l’irritation permanente”, issue d’une famille juive polono-lithuanienne émigrée en Afrique du Sud avant la Seconde Guerre mondiale. Germaine Acogny, sénagalaise, règne en icône sur la danse africaine contemporaine depuis des décénnies. Elle est “l’élue noire” de Maurice Béjart. Le spectacle donné actuellement au Théâtre de la Ville à Paris est un objet dansé unique, provoquant, pour un art explosif et subtile.
Tout commence par l’argument d’une cérémonie du « Sim », ou du “faux lion” en wolof. Il s’agit pour les 8 danseurs, avant que ne démarre spectacle, de chasser les mauvais esprits de la salle. Et ces derniers sont nombreux. On y interroge alors la représentation des corps, les costumes, les genres, les clichés, l’Autre, les apparences, le continent, le post-apartheid, la violence sociale, la politique, le tout sous-couvert d’un humour jovial, léger et de touches fluorescentes qui vous rendront peut-être sourds à la satire grinçante le temps d’une apnée. Vos synapses n’y échapperont pourtant pas : les douleurs sont éliptiques mais centrales. Robyn Orlin, aime bousculer, intervenir, rire mais surtout penser. Plaisirs amplement partagés avec la reine sénégalaise. Elles et les 8 garçons de Germaine donnent à réfléchir en offrant une danse théâtrale aussi acide que géneureuse où se mèlent génialement l’outrance et une technique à couper le souffle.
Aline Le Bail-Kremer
« AT THE SAME TIME WE WERE POINTING A FINGER AT YOU, WE REALIZED WE WERE POINTING THREE AT OURSELVES… »
Du 25 au 29 mars au Théâtre de la Ville, http://www.theatredelaville-paris.com
Représentations également les 11 et 12 avril au 104, http://www.104.fr
