Entretien avec Ruth Scheps, rédactrice en chef de la revue éditée par le mouvement Massorti.
L’Arche : Comment est née l’idée de créer cette revue et qui la dirige aujourd’hui ?
Ruth Scheps : Elle est née d’une envie et d’un besoin. Pour les passionnés de Limoud et ceux qui s’intéressent à la pensée juive, il y avait un manque dans le paysage éditorial. Pas assez de revues. Des magazines, mais qui traitent plus de l’actualité juive que du judaïsme. Avec Mikhtav Hadash (La nouvelle Lettre), nous avons voulu tenter modestement de remplir ce vide. Notre idée était de faire une revue destinée à toute la communauté juive et au-delà, à tous ceux qui s’intéressent aux fondements du judaïsme et aux questions qu’il soulève pour notre époque. Cette revue est éditée par le mouvement Massorti (Adath Shalom), mais n’en est pas le porte-drapeau. Ouverte à toutes les disciplines et à tous les courants de pensée, elle parle du judaïsme dans toutes ses dimensions. La revue est dirigée par un tandem formé de Philippe Chriqui, directeur en titre et moi-même, rédactrice en chef.
Quels sont les thèmes privilégiés ?
Ce qui relève d’abord de la culture du judaïsme en tant que culture des grands textes de la tradition, par des approches non seulement religieuses, mais aussi philosophiques, historiques, littéraires. Ensuite la culture juive dont nous essayons de mettre en valeur la néchama, c’est-à-dire l’âme juive. Nous choisissons des sujets susceptibles d’interpeller chacun de nous dans son rapport à la tradition et à la modernité. Tous les thèmes que nous abordons dans nos dossiers ont trait aux grandes questions de l’être juif et du devenir juif.
Notre premier numéro s’intitule « Les courants du judaïsme – 3000 ans de pluralisme ». Le numéro deux concerne « L’élection du peuple juif – du particulier à l’universel » ; un sujet qui fait souvent grincer des dents (y compris dans le monde juif) mais que nous traitons de façon multiple, approfondie et non polémique.
D’une manière générale, nous privilégions les thèmes qui mettent en évidence les relations complexes qu’entretient le judaïsme avec la modernité. Les contributeurs que nous sollicitons analysent le sujet proposé en l’éclairant par leur point de vue particulier, pouvant aller jusqu’au témoignage personnel.
Qu’allez-vous aborder dans le prochain numéro ?
Pour le dossier du numéro 3, nous avons décidé de jouer au jeu de Hillel (résumer toute la Tora le temps de se tenir sur un pied) : nous avons demandé à nos contributeurs – parmi lesquels figurent plusieurs rabbins – de répondre à la question : « Y a-t-il un principe essentiel dans le judaïsme, et si oui, à votre avis lequel ? ». Question impossible, penserez-vous peut-être, étant donné la multiplicité des « essentiels » dans le judaïsme ! Va-t-on privilégier l’étude ou le culte ? La crainte de Dieu ou le libre-arbitre ? Tous les commandements ou un nombre restreint d’entre eux, et dans ce cas combien (connaissant les vifs débats rabbiniques suscités par cette question, notamment au Moyen Âge) ? Etc.
Comme pour les numéros précédents, ce dossier sera accompagné de fiches pédagogiques, qui ont une double utilité : au lecteur pressé, elles donnent une vision synthétique (mais non réductrice) du dossier ; à celui ayant déjà lu le dossier, elles servent de memento voire de tremplin vers de nouvelles questions.
Mais ce numéro 3 ne se réduit pas à son dossier, loin de là. Dans ses pages culturelles on trouvera notamment une nouvelle inédite en français de Aharon Appelfeld. La partie iconographique est particulièrement à l’honneur, notamment avec un portfolio consacré à cet immense artiste français qu’est Gérard Garouste.
S’adresse-t-elle à un public en particulier ?
Mikhtav Hadash est une revue qui se veut doublement ouverte : par rapport au public visé, qui dans notre esprit devrait être le plus large possible, c’est-à-dire englober le klal Israël, ainsi que tous les non-Juifs qui se sentent concernés par les thèmes que nous abordons, et notre manière de les aborder.
Elle paraît deux fois par an. On se la procure par abonnement et on la trouve également en librairies. Chacun peut s’en faire une idée en consultant le site dédié : www.mikhtav.org.