Entretien avec Danièle Segall, rédactrice en chef de « Coopération magazine »
Qu’est ce qui a motivé le choix de ce sujet comme thème ?
Nous traversons une période de turbulences… nous ne pouvions pas faire l’économie d’une réflexion sur les événements qui venaient de faire voler en éclats la tranquillité de notre vie quotidienne. Mais nous ne voulions pas réagir à chaud, d’abord parce qu’en éditant une revue trimestrielle cela nous oblige à un certain recul. Et aussi pour ne pas répéter ce que l’on peut lire un peu partout à ce sujet.
Donc, la résilience, la faculté d’un individu, d’une communauté, d’un peuple à rebondir après un traumatisme individuel ou collectif, nous a semblé un sujet qui collait à une certaine réalité tout en gardant une dimension intemporelle.
Quels sont les principaux symboles de la résilience selon vous ?
Plutôt que symboles, je parlerais de moyens, de facultés, de forces : ou puise-t-on la force de rebondir ? Nous avons préféré parler de « rebond » plutôt que de résilience, car il s’agit bien de cela : comment rebondir après un grave traumatisme ? Comment dépasser cet « arrêt sur image » que représente le choc pour, non pas seulement survivre mais vivre, après, autrement. Où trouver cette force ? et aussi pourquoi ne sommes nous pas égaux face à la résilience ?
Avec vos témoignages avez vous souhaité montrer la diversité des résiliences ?
Nous avons volontairement mélangé certaines expériences personnelles vécues, individuelles avec des articles plus généraux en prenant, par exemple, l’avis d’un psychanalyste Daniel Sibony, en parlant de la joie comme « arme » de la résilience chez les Loubavitch, en essayant de réfléchir sur ce qui fait que les personnes handicapées trouvent en elles des ressources spécifiques, en nous interrogeant sur l’histoire du peuple juif et en nous demandant comment il faisait pour, à chaque fois, rebondir, continuer, recommencer, se relever… nous ne pouvions pas faire un dossier exhaustif sur un tel sujet, nous avons préféré mettre le focus sur certaines formes de résiliences, individuelles ou collectives.
Cette année, nous marquons les 100 ans du génocide arménien, est que la résilience est beaucoup abordée par les historiens arméniens ?
Pour poursuivre ma réponse à la question précédente, nous nous sommes aperçus que, même en choisissant certains angles spécifiques, nous ne pouvions pas traiter le sujet en un seul dossier : c’est pourquoi nous réservons une partie de notre prochain numéro à la suite de ce dossier. Et nous consacrons un grand article à la résilience chez les Arméniens, dont le traumatisme n’est pas passé dans « l’Histoire » mais reste une actualité vivante chez le peuple arménien de nos jours. Comme pour le peuple juif, on peut se poser la même question : le peuple arménien est il un peuple résilient ? Vous trouverez une ébauche de réponse dans notre prochain numéro.
Propos recueillis par la rédaction