Sous le titre « Soupçons de discrimination à l’encontre d’étudiants israéliens », le journal Libération révèle qu’un groupe de l’Université de Tel Aviv s’est vu refuser des créneaux pour visiter la Sainte-Chapelle et le Louvre. Le parquet de Paris a été alerté. François Heilbronn, président des Amis français de l’Université de Tel-Aviv, s’exprime dans « l’Arche ».
L’Arche : Quelle a été votre réaction à l’annonce de cette affaire ?
François Heilbronn : J’ai été à la fois choqué mais pas surpris. Car il existe dans beaucoup d’institutions culturelles une volonté de certaines personnes de discriminer l’Israélien quel qu’il soit. Donc j’ai souhaité saisir les responsables du Louvre et de la Sainte – Chapelle pour qu’ils puissent couvrir des enquêtes internes. Aujourd’hui, je suis content que le préfet de région ait saisi le parquet en plus de l’enquête administrative, il va y avoir une enquête judiciaire. Il est important que toute la vérité soit faite. Et si des fonctionnaires mal intentionnés ont interdit à des étudiants et professeurs israéliens l’accès aux institutions culturelles françaises, ces fonctionnaires doivent être punis par leur administration et par la loi. La discrimination est un délit en terme pénal. Et il doit être traité en tant que tel. De plus, cette discrimination provient d’une institution publique, ce qui est un facteur aggravant.
Pour vous est ce que la discrimination est avérée ou considérez- vous comme recevable l’idée qu’il y ait eu un dysfonctionnement en interne ?
Je trouve que la formulation de Libération est juste, il y a des soupçons de discrimination. C’est-à-dire que les faits sont très troublants. Quand l’université de Tel-Aviv a demandé à réserver, elle a des réponses négatives qui ont mis du temps à arriver. Quand le professeur Sefy Hendler s’est fait passé pour le représentant d’un faux collège d’Abu Dhabi afin de voir s’il n’y avait pas de discrimination et que la demande a été envoyée, la réponse positive a été immédiate de la part du Louvre comme de la part de la Sainte-Chapelle. En plus, dans le cadre de la Sainte-Chapelle, le courrier négatif pour l’Université de Tel-Aviv et le courrier positif du lendemain pour Abu Dhabi était signé par la même personne. Donc, les explications du Louvre de réponses automatiques sont possibles à condition toutefois qu’une intervention humaine sur le système ne soit pas possible. Parce qu’ils disent d’ailleurs, et c’est ce qu’ils m’avaient répondu, qu’il y a 400 demandes par jour et qu’il s’agit de réponses automatiques en fonction du nombre de places. Donc, effectivement, après, quand il y a eu une réponse positive, c’est à la suite de désistements aux créneaux demandés par Tel-Aviv. Mais cette explication est plausible, à condition toutefois que l’intervention humaine sur le système ne soit pas possible. Et cela, c’est l’enquête qui dira si c’est vrai ou pas. Dans le cas de la Sainte-Chapelle, c’est par contre quelqu’un qui nommément à répondu non à Tel – Aviv et oui à Abu Dhabi. L’explication de la Sainte-Chapelle selon laquelle elle s’est trompée dans son planning me paraît bien légère. Là, à nouveau je suis bien content qu’il y ait une enquête diligentée par le parquet qui fera la lumière sur ses faits. Il y a un faisceau d’indices qui montrent qu’il y a quand même une forte présomption d’intentions malveillantes.
Etes-vous rentré en contact avec le Louvre ?
Oui, évidemment. Mon ami Sefy Hendler qui a effectué les réservations et suite à des réponses négatives a fait le testing. Il m’a tout de suite alerté. Je lui ai dit : « On va suivre la voie officielle ». J’ai donc écrit au président du Louvre, Jean-Luc Martinez et à Philipe Bélaval, Président des monuments nationaux, qui gère la Sainte-Chapelle ainsi qu’à la ministre de la Culture. Les trois m’ont répondu qu’ils diligentaient une enquête. Ce qu’ils ont fait. Maintenant que le parquet est saisi, il va y avoir une enquête judiciaire qui verra si les réponses sont pertinentes ou pas, elles le sont peut-être… Mais maintenant, c’est à la justice et à la police, de faire la vérité sur cette affaire. Sinon, ce serait quand même un concours de circonstance assez incroyable. Maintenant, il faut également que les Ministres concernés rappelles aux institutions qui dépendent d’eux que toute discriminations envers des Israéliens ou de toute autre nationalité est un crime punissable pénalement et qu’ils n’accepteront aucun manquement sur un tel sujet, qui est au coeur de nos valeurs universelles.