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Cinéma

Moshé Mizrahi nous parle de Bernadette Lafont

Le MAHJ rend hommage au grand cinéaste, en sa présence et en celle des actrices Michal Bat-Adam et Bulle Ogier. 5 films seront projetés dimanche 20 et lundi 21 septembre. Parmi eux, Les Stances à Sophie, une œuvre engagée dont Bernadette Lafont dit un jour : « C’est mon meilleur film. »

 

L’Arche : Comment est venue l’idée de l’hommage organisé au MAHJ

Moshé Mizrahi : L’idée est venu du festival du Sud, lequel prend de plus en plus d’ampleur en Israël. Il a décidé de me mettre au centre du Festival cette année. Mes deux premiers films n’avaient jamais été montrés commercialement et ce fut là l’occasion. Lorsque je donne des cours à l’université, je dis à mes élèves que c’est le meilleur exemple pour ne pas désespérer. Les films qui ne percent pas et n’ont pas accès à un public peuvent avoir plus tard une seconde vie.

 

Vous êtes un cinéaste israélien mais surtout connu pour ses œuvres françaises : Mangeclous, La Vie devant soi et Les Stances à Sophie (1971) avec Bernadette Lafont. Comment s’est faite la rencontre avec cette grande actrice récemment disparue ?

A l’époque, je connaissais bien Christiane Rochefort. Quelque peu déçue par l’adaptation de ses livres par la Nouvelle vague, elle me demanda pourquoi je ne le lui avais jamais demandé alors que Chabrol le fit pour les Stances. Comme un challenge en répétant : « Osez ! Osez ! Osez ! » En charge des relations au Festival de Cannes, elle connaissait beaucoup de monde dans le métier. On a beaucoup travaillé, arrivant à un scénario de 300 pages ! J’ai repris notre travail en raccourcissant le texte.

 

Comme dans l’œuvre de Truffaut, les femmes prennent une place particulière chez vous.

Effectivement, comme lui, les femmes et les adolescents sont très présents. Car je pense que ce sont les deux catégories de gens les plus exploités dans le monde moderne. Des gens me demandent pourquoi je ne fais pas de film politique, particulièrement sur la situation en Israël. Je réponds que mes films sont politiques et concernent ces deux catégories de victimes contemporaines que sont les femmes et les enfants.

 

Qu’est-ce qui vous plaisait particulièrement chez Bernadette Lafont ?

Un rare naturel. Une franchise dans son comportement, son discours. Elle était impertinente « normalement ». Je la trouvais donc idéale pour ce film. Une grande et simple incarnation du féminisme.

 

Les Stances à Sophie a d’ailleurs marqué le combat pour les droits des femmes.

Le presse radicale féministe regrettait que ce film qu’elle jugeait important dans sa cause, ait été réalisé par un homme. Il fut projeté dans les festivals américains, fièrement même à Atlanta avec ce slogan : « Le film projeté dans la ville de Coca Cola et Autant en emporte le vent ». Il a eu un énorme succès aux Etats-Unis. Christiane a été invitée à faire une tournée sur les campus pour le présenter. Lorsque le Festival de Créteil a voulu rendre hommage à Bernadette Lafont, elle accepta à la condition que Les Stances à Sophie soit projeté, clamant qu’il s’agissait du meilleur film qu’elle avait fait.

 

Dimanche 20 septembre

15h : Le client de la morte saison

17h : La maison de la rue Chelouche

19h30 : Les Stances à Sophie

 

Lundi 21 septembre

18h : Les filles à papa

20h : La vie devant soi

 

MAHJ, 71 rue du Temple, 75003 Paris.

Renseignements et réservations : 01 53 01 86 48