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Rencontre avec Gérard Garçon, président de l’Appel national pour la Tsedaka

L’Arche : De nombreux événements, se déroulant actuellement à Paris, ont été affectés par les attentats. Quels impacts ces derniers ont-ils eu sur la campagne de la Tsedaka?

Gérard Garçon: Il y a eu beaucoup de reports et quelques annulations d’évènements. Comme vous le savez, la campagne de la Tsedaka tourne essentiellement autour d’un certain nombre de programmes festifs qui permettent, d’une part, d’expliquer ce qu’est la Tsedaka à un plus grand nombre, et qui d’autre part, permettent de récolter de l’argent pour les plus défavorisés. C’est donc très pénalisant pour la campagne, malheureusement.

Estimez-vous que ces événements ont provoqué, au contraire, une re-mobilisation des gens?

Je n’en suis pas certain. Au niveau de la conscience collective, cela a peut être crée un élan de solidarité. Mais je ne suis pas certain que cela se traduise, en tout cas pour la campagne de la Tsedaka, par plus de générosité. Il y a peut-être plus de solidarité intra communautaire: chacun a l’impression que ces événements, que ces meurtres, peuvent toucher n’importe lequel d’entre nous, alors qu’auparavant, ces attaques ciblaient beaucoup plus les juifs. Il y a donc, sans doute, une prise de conscience générale du fait que la menace terroriste soit multiforme, et qu’elle puisse toucher tout le monde. Par contre, au niveau de la campagne de la Tsedaka, les gens sont moins mobilisés, car perturbés par les événements, et plus discrets dans leur quotidien. Ce que je vous dis là, c’est un peu ce qu’un commerçant dirait en voyant son chiffre d’affaire baisser. Les gens sont moins concernés par la fête, et plus par la gravité de la situation. Donc effectivement, je pense que nous avons été pénalisés.

Compte tenu de l’évolution de ses besoins, y a t-il des domaines dans lesquels la Tsedaka est plus active cette année qu’auparavant?

Par rapport aux années précédentes, et parce que l’actualité l’exige également, l’élément nouveau est d’insister sur la composante antisémite dans certaines zones de population. Comme vous le savez, la précarité touche beaucoup de gens de la communauté juive. Ces gens habitent malheureusement dans des banlieues difficiles, au milieu d’autres personnes en état de précarité, qui souvent, sont animées par des motivations antisémites.

J’ai entendu des mères me dire que lorsqu’elles préparaient le chabbat le vendredi, elles étaient obligées de fermer les volets, à cause de pierres lancées à ses fenêtres, ou parce qu’on arrachait les mezzouzot des portes. D’autres mères, vivant dans le onzième arrondissement, me disaient que lorsque leur fille descendait de chez elle, et qu’elle passait au premier étage – où vivait une famille de salafistes -, celle-ci se faisait insulter, voir frapper, un jour sur deux.

Nous avons donc également insisté sur la composante antisémite en créant le Fonds d’Urgence et de Solidarité qui, en étant suffisamment soutenu financièrement, permettra à un certain nombre de familles de pouvoir déménager et trouver un appartement dans des zones moins précaires, là où il y aura moins de dangers pour elles.

www.tsedaka.fsju.org