Un entretien avec Ariel Goldmann, président du FSJU
L’Arche : Un an après les attentats de janvier 2015, comment ressentez-vous cette commémoration ?
Ariel Goldmann : Nous abordons en effet cette semaine les commémorations des tragédies du mois de janvier 2015, et notamment de celle de l’Hyper Cacher. Un an après, nous avons su nous relever mais notre douleur est toujours aussi vive. Quant aux familles des victimes et aux otages, on voit bien lorsqu’on leur parle, que la douleur et le choc sont encore présents et vivaces. Nous devons nous efforcer de continuer à les entourer du mieux que nous pouvons.
Chaque nouvelle attaque comme celles du Bataclan ou comme celles qui se produisent au quotidien en Israël et partout dans le monde, nous replongent dans ces souvenirs douloureux et cela n’aide pas à avancer. Mais notre faculté de résilience -celle notamment tirée de notre Histoire -, notre choix résolu de la vie et notre volonté doivent être plus forts que la douleur et nous permettre de surmonter tout cela et d’envisager l’avenir dans un monde que nous voulons meilleur, celui que nous devons laisser à nos enfants !!!
Un hommage aura lieu samedi soir devant l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes. C’est un hommage unitaire ?
Il est unitaire en ce sens qu’à l’appel du CRIF toutes Institutions de la communauté juive et ses principales organisations appellent à y participer. En principe le président de la République et le Premier ministre ainsi que le ministre de l’Intérieur seront présents , ce qui confère à cet hommage un côté solennel et exceptionnel.
Mais au-delà des corps constitués; ce qu’il faut, par égard envers les victimes et leurs familles, c’est que nous soyons très nombreux et que les citoyens, juifs ou non juifs, soient là pour dire aux victimes et à leurs familles (en silence mais nombreux) « nous n’oublions pas, nous ne vous oublions pas, nous n’oublierons jamais »
La communauté juive était déjà, avant le 13 novembre, en état d’urgence. Les mesures de sécurité vous paraissent-elles suffisantes ?
D’un point de vue mathématique et si l’on prend en considération les effectifs déployés partout à travers la France, on atteint des sommets et on pourra difficilement faire plus. Cela dit, on sait que la menace est là et face à la folie meurtrière et face à des individus qui ont le culte de la mort alors que notre société a celui de la vie, on peut toujours craindre le pire et notamment d’autres attaques.
On sait aussi que la communauté juive reste pour les terroristes une cible privilégiée et que rien n’a changé à ce titre-là, la haine du juif et de l’occident étant la règle chez ces individus (j’ai du mal à parler d’êtres humains). Ce qui me paraît sain et porteur d’espoir, c’est qu’à l’instar des Israéliens qui vivent avec le terrorisme depuis près de 70 ans, nos concitoyens semblent avoir décidé que la vie resterait plus forte que tout, et que, tout en étant de plus en plus vigilants et prudents, ils continuent à vivre leur vie le plus normalement possible.