Le Premier ministre a répondu au président du Crif, lors de ce 31ème dîner. Chargé de lire le discours du président de la République, Manuel Valls s’est donc adressé aux 850 invités de cette soirée, en réponse aux interpellations formulées quelques minutes plutôt par Roger Cukierman, notamment sur la montée de l’antisionisme, soit le nouvel habit de l’antisémitisme.
«Il y a l’antisémitisme et il y a l’antisionisme, c’est-à-dire tout simplement le synonyme de l’antisémitisme et de la haine d’Israël», a-t-il déclaré, soulignant la frontière ultra ténue entre la détestation d’Israël à l’hostilité aux Français juifs : «En France, particulièrement à l’extrême gauche, mais pas seulement, Israël est souvent soumis à une grille de lecture déformante et injuste.”
Le Premier ministre a par ailleurs rappelé l’illégalité des appel au boycott de l’Etat d‘Israël porté notamment et violemment par le mouvement BDS : «La Cour de cassation a jugé plusieurs fois, et encore récemment, que l’appel du BDS à ne pas acheter des produits israéliens constituait “une discrimination fondée sur l’appartenance à une nation”. “Cette discrimination n’est pas seulement illégale, elle est illégitime. Et elle est même un non-sens quand on sait combien le savoir, la science, la culture, la création rapprochent les peuples.»
A propos de la question de la dangereuse propagation de la haine sur internet, soulevée par son hôte, Manuel Valls a répondu “La disposition visant à sortir les délits antisémites et racistes du droit de la presse pour les faire rentrer dans le droit commun figurera dans le projet de loi Egalité et citoyenneté, soumis au Parlement au printemps ». (…) Ainsi, il sera dit de la manière la plus claire que la liberté d’expression, que nous chérissons, ce n’est pas le permis de répandre la haine. »
Manuel Valls, au cours de cette lecture de discours présidentiel, manifestement personnalisé, a aussi réitéré son soutien à l’intellectuel Algérien Kamel Daoud, cible d’attaque “insupportables”, en raison de son combat contre “les fanatismes, les intégrismes de toutes sortes”.“Réveiller les consciences, c’est aussi soutenir ces voix qui s’expriment, notamment dans le monde arabe », a-t-il ajouté.
Le prix du Crif a par ailleurs été décerné cette année « aux forces de police et aux militaires » pour saluer dans un hommage appuyé de Roger Cukierman, leur « dévouement exceptionnel dans la protection de nos coreligionnaires » après les attentats de janvier 2015.