Ce récit des antécédents est un des plus étonnants spectacles de la rentrée. Anamnèse termine ses dates au Centre Suzanne Dellal à Tel Aviv le 29 septembre puis commencera une tournée en France en novembre.
Né au sein de la pépinière du centre Suzanne Dellal, dont on a beaucoup parlé récemment avec la sortie du film Gaga sur le danseur Ohad Naharin. Il est l’œuvre de deux femmes : Claudine Crosta et Inbar Walter. Claudine est venue de Marseille pour faire un stage chez Ohad Naharin et a décidé de rester. Avec Inbar, elles ont monté la compagnie Shamanka.
Deux danseuses qui partagent un clip de Shirel et qui ont répondu à l’invitation en lui faisant poser ses pieds nus sur leur scène, le spectacle Anamnèse. Elles tournent, cherchent ces femmes multiples qui sont en elle(s). Ces femmes que l’on n’entend pas, surtout dans un monde où les hommes se divisent souvent entre misogynes actifs (les violents) et misogynes passifs (les indifférents).
« Ce spectacle est une confrontation entre ce qu’on vit, nos mémoires, notre passé et la peur de l’avenir », explique Shirel. L’anamnèse qui se partage ici en danses et chants est une libération, « un lâcher prise, une séparation qui doit mûrir, se faire », nous confie la chanteuse. « C’est le cri à l’intérieur de soi qu’il nous est difficile de sortir, avec lequel on joue, on tourne et qu’on amène à sortir. »
Claudine, Inbar et Shirel ne descendent pas vers le public, elles ne le confortent pas, ne lui offrent pas de vision binaire. Elle l’élèvent sur scène. Les montagnes russes de la vie, des cris égarés ou gardés trop longtemps se dévoilent. Un bon spectacle vous rend heureux. Un grand spectacle vous bouscule, vous rend meilleur et plus à l’écoute des autres et de vous-même, sans pudeur ni tabou. Un effet Mulholland Drive qu’Anamnèse tutoie sur la forme et le fond.