Cédric Naïmi, auteur du livre de référence Etat des lieux du graffiti et du street art, préfacé par Agnès B (Editions Carpentier) accompagne l’évolution de cet art et surtout ses artistes depuis de nombreuses années. Rencontre avec ce précurseur qui organise actuellement une exposition a la Galerie Amarrage aux Puces de St Ouen.
L’Arche : Votre livre a eu beaucoup d’écho dans le monde de l’art contemporain puisqu’il s’agissait de la première oeuvre complète sur le graffiti. Venait-il surtout marquer un engagement ancien pour ce style ?
Cedric Naïmi : J’ai monté l’association en 2009. Pierre Cornette de Saint Cyr, a un dîner, me l’a conseillé. On s’est installé aux Puces de Saint-Ouen. J’ai organisé la réalisation de plus de 200 oeuvres sur les rideaux de fer pour embellir les Puces et donner une vitrine aux artistes. On a mis en place des ateliers et travaillé avec des lieux divers tels la Cité du cinéma ou la ville de Stains, Meudon, Evry…
J’ai écris un livre qui sert de guide avec plus de 160 interviews, Commissaires priseurs, galeristes, Ratp, artistes des USA et Français… Le succès du livre nous a permis de monter le Prix du graffiti du street art sur le thème de l’énergie la première édition, réalisée en partenariat avec Edf, nous avons eu 113000 visiteurs à la Fondation Edf près du Bon Marché à Paris. Concernant le Prix 2016, le thème était l’écologie et l’environnement. Toutes les oeuvres ont été vendues a Drouot par Crait-Muller le 27 avril 2017.
L’Arche : Est-ce facile de trouver des artistes nouveaux et au style inattendu ?
C.N. : Je ne prétends pas être précurseur, car les vrais précurseurs ce sont les artistes. Néanmoins je me démène pour qu’ils puissent accéder au public et proposer des choses nouvelles.
L’Arche : Quelles sont les originalités de cette expo ?
C.N.: CRABSn fait rouiller de l’acide sur des plaques de métal. En rinçant la plaque on obtient une fresque. Diamant ou le Diamantaire est un artiste qui, comme son nom l’indique, réalise sur des vieux miroirs qu’il taille en forme de diamant, puis il sont peints, et placés dans les rues… On en trouve dans le monde entier. Moah a inventé un procédé de tirages photos qui sont éclairées de l’intérieur par un Led, lequel ne détruit pas la vision de la photo. Il s’accorde avec les artistes de la rue pour mettre en lumière les fresques.
L’Arche : En plus, j’ai vu que les couleurs peuvent changer.
C.N. : Tout a fait. Les oeuvres sont comme des prototypes. Comme chacune de nos expériences. Ici, Amarrage nous accueille depuis 3 ans, 4 mois par an. A chaque fois on défriche le site, on habille les murs sur des thèmes toujours différents. On accueille de nouveaux artistes tant sur les murs que dans la galerie avec de nouvelles oeuvres de graffitis.
L’Arche : Pensez-vous que cette forme d’art est plus reconnue aujourd’hui ?
C.N. : Avec le temps mais aussi grâce à l’évolution des techniques des artistes. Il ne faut pas oublier que le graffiti est parti du tag. Il a évolué par rapport aux matières, aux bombes de peinture, aux projections… Tout ça contribue a ce que ce soit aujourd’hui un art à part entière. Il n’y a pas d’école pour s’y former. Les artistes sont des autodidactes qui partages leurs visions originales d’une manière qui l’est tout autant. Avec une nouvelle génération brillante qui s’impose. Comme ils pratiquent la matière ils savent jouer avec les bombes. Ils trouvent donc rapidement leur style. Certains font du figuratif, d’autres de l’abstrait, des codes couleurs, des formes qui reviennent en leitmotiv… ce qui est sûr c’est que la scène artistique contemporaine leur est aujourd’hui de plus en plus ouverte.