La deuxième édition du festival Lettres d’Israël se déroule du 8 au 18 septembre et propose de belles rencontres avec notamment celle entre l’auteur David Grossman et Wajdi Mouawad, le directeur du Théâtre de la Colline.
L’Arche : Est-ce la première fois que vous organisez ce genre d’événements ?
Joseph Hirsch : L’Ambassade d’Israël soutient la venue en France d’artistes israéliens depuis de nombreuses années, grâce notamment au travail de Francine Lutenberg. Le festival Lettres d’Israël est né du souhait d’Elinor Agam, attachée culturelle depuis 2015, de créer une manifestation qui réunisse en septembre les écrivains israéliens publiés en France au cours de l’année, pour mettre en lumière cette littérature si singulière, et donner à entendre leurs voix et leurs textes. La première édition a eu lieu en septembre 2016, avec la réception dans divers lieux culturels parisiens de six auteurs israéliens, parmi lesquels Amos Oz et Eshkol Nevo. Elle a connu un grand succès, que nous espérons rééditer cette année.
Des auteurs de différentes générations seront présents. Est-ce important pour vous ?
C’est même fondamental ! L’une des raisons d’être du festival est de permettre à ces nouvelles voix de la littérature israélienne d’être lues et entendues, et notre souhait à terme est de voir s’équilibrer dans la programmation le rapport entre auteurs reconnus et auteurs émergeants. Cette année, nous avons ainsi le plaisir d’accueillir Dorit Rabinyan et Ayelet Gundar-Goshen, deux jeunes romancières très talentueuses, dont les romans ont remporté un grand succès en Israël comme à l’étranger.
Comment est née l’idée de ce dialogue entre David Grossman et Wajdi Mouawad ?
L’idée est venue de Wajdi Mouawad lui-même et du théâtre de La Colline, dont il est le directeur, et avec lequel il a récemment adapté le roman de David Grossman Un cheval entre dans un bar. Deux représentations de cette lecture-concert créée à l’occasion du festival d’Avignon seront données les 9 et 10 septembre à La Colline, en présence de David Grossman. Wajdi Mouawad a également tenu à ce dialogue inaugural, qui risque d’être un moment extrêmement fort. Une interrogation de la figure de l’ennemi, mais surtout une véritable rencontre, entre deux immenses auteurs.
Depuis une vingtaine d’années les voix féminines sont beaucoup plus présentes dans la littérature israélienne.
Vous avez raison de le souligner, et ces voix féminines comptent aujourd’hui parmi les grandes voix de cette littérature. C’est notamment le cas d’Orly Castel-Bloom, couronnée en 2015 par le prestigieux Prix Sapir pour Le roman égyptien (Actes Sud), et de Zeruya Shalev, lauréate en 2014 du Prix Fémina étranger pour Ce qui reste de nos vies (Gallimard). Elles seront réunies à la Société des Gens de Lettres lors d’un dialogue qui s’annonce passionnant, et Zeruya Shalev présentera à la Maison de la Poésie son magnifique roman Douleur, dans lequel elle revient pour la première fois sur l’attentat dont elle avait été victime il y a treize ans à Jérusalem.
Quel est votre roman israélien coup de coeur personnel de cette année ?
Le choix est évidemment très difficile, mais j’ai une tendresse particulière pour le très beau roman de Raphaël Jerusalmy Evacuation, paru en avril dernier chez Actes Sud. Il y décrit l’errance de trois personnages dans une Tel Aviv entièrement déserte, après l’évacuation de la ville en raison des bombardements. C’est un très beau portrait de Tel Aviv, et un récit bouleversant, d’une très grande finesse.