Un drapeau israélien célébré.
Le son des Klaxons, mêlés à ceux des feux d’artifices tirés de partout, y compris des routes mêmes (complètement saturées), entre le grand stade de la ville et le quartier dit de la « Citadelle », résonnent encore tard dans la soirée en ce jour historique pour le Kurdistan irakien. Celui-ci a voté aujourd’hui, dans le cadre du référendum organisé par le gouvernement de cette région autonome et porté par son président Massoud Barzani, afin de se déterminer pour ou contre sa totale indépendance vis à vis de l’Irak. Après des semaines de suspens et une lourde pression de la communauté internationale, le référendum a été maintenu. Il n’aura été ni ajourné, ni reporté, provoquant, entre autres, l’ire de Badgad, de Téhéran et d’Ankara. Ce scrutin et cette idée de Kurdistan indépendant n’étant par ailleurs soutenus ouvertement que par une seule autre nation : Israël. L’Etat hébreu, en effet, s’est très officiellement prononcé en faveur de l’indépendance et donc du référendum kurde. Dans un communiqué publié le 12 septembre, le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, avait réaffirmé son soutien aux « efforts légitimes du peuple kurde pour obtenir leur propre Etat ».
Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère des « voisins », en miroir de véritables scènes de liesse portant aux nues dans les rues d’Erbil, le drapeau bleu et blanc et son étoile de David.
C’est ce même drapeau, en ce soir de rassemblement populaire qui ornait, ça et là, les voitures, parmi les multitudes d’étendards locaux et leur soleil, voulant rappeler les origines zoroastriennes du peuple Kurde. Incroyable manifestation d’un lien, pourtant ancien et certes préexistant à ces récents rebondissements, se révélant des plus solides. Un drapeau israélien célébré de la sorte au Moyen-Orient ne pouvait que nous émouvoir quelques instants, tant dans cette partie du monde, nous nous sommes « habitués » à le voir brûlé ou piétiné. Ce soir, dans les rues d’Erbil, si colorées, le soleil avait bien rendez-vous avec l’étoile et il est certain que ces images sont doublement historiques dans cette aire géographique. « Merci à ce pays, il paraît que nous allons créer un deuxième Israël ici, et bien c’est tant mieux » explicite le conducteur exalté d’un véhicule porteur d’oripeaux et de pavillons, kurdes et israéliens.
Si les résultats du référendum ne seront confirmés que ce mardi 26 septembre dans la soirée, si les dés ne sont pas tout à fait jetés, et si l’incertitude règne, aussi angoissante soit-elle, le pays entame une marche qui semble irréversible.
Dimanche, à la veille du vote, Massoud Barzani déclarait encore « Nous sommes prêts à avoir un long processus de dialogue après le référendum, un an, deux ans. Si nous voyons que les discussions sont constructives, nous pourrons leur donner plus de temps » mais « Le 25 septembre, les gens vont voter. Que se passera-t-il le 26 ? On verra. »
Galvanisé et légitimé par les victoires clés remportées face à Daech et au sein de la coalition internationale antiterroriste, le chef des célèbres Peshmergas s’engage désormais dans un combat pour l’indépendance plus déterminé que jamais, ayant saisi une ouverture historique en termes de sympathie dans l’opinion publique et bénéficiant de la lumière braquée sur leur cause depuis 3 ans. Reste maintenant à contenir les menaces de répliques sombres, promises par un voisinage sur les dents.
Aline Le Bail-Kremer