Robert Assaraf a joué un très grand rôle dans le lancement et dans le succès d’une certaine manière des débuts de Marianne. Il y a cru vraiment. Il avait des locaux quelque part boulevard Saint-Germain et quand il a fallu un lieu pour qu’on prépare le journal, qu’on y réfléchisse, il a mis ces locaux à notre disposition. Marianne a été créée avec très peu d’argent, mais il y a participé. On est partis avec un capital très faible, autant que je me souvienne 10 millions de francs, et sur ces 10 millions, il a dû mettre 4 millions. C’était peu, mais lorsque dans les débuts on était tendus financièrement et qu’il a fallu quelques fois faire les fins de mois, il a accepté de le faire.
En plus, il était intéressé, il s’était investi au journal, il était membre du Conseil d’administration. Avec son tempérament, qui n’était pas toujours facile. Fougueux, enflammé, colérique, mais en même temps enthousiaste et toujours là, toujours présent. Avec quelques fois, au Conseil d’administration, je peux le dire, des empoignades et des engueulades absolument homériques, notamment avec Paul Lederman. Il y avait une vraie passion chez lui, une capacité de colère et de tendresse.
J’ai été à Marrakech une fois ou deux chez lui. C’était vraiment très généreux, très ouvert, très disponible. Il était vraiment chez lui, là. J’en garde un souvenir tendre et torride en même temps, parce qu’il n’était pas toujours facile à gérer. J’ajoute, et c’est essentiel chez lui, son engagement en faveur d’Israël, en faveur du sionisme qui était pour lui toute sa vie – il s’y donnait totalement -, mais aussi, puisqu’il venait du Maroc, en faveur du dialogue israélo-arabe et israélo-palestinien. Sa quête d’une solution pacifique à ce conflit était quelque chose qui habitait absolument sa vie et à quoi il était prêt à sacrifier beaucoup.